L’autoroute A14 traverse la forêt de Saint-Germain sous terre. De loin en loin, dans des clairières, les issues de secours pour les piétons aboutissent à des émergences en tôle d’une esthétique discutable. Sur l’une d’elles, mon épouse repère ce minuscule insecte. Je le capture pour mieux le photographier.

Cet élégant homoptère est une cicadelle (famille des Cicadellidae) car les tarses de ses pattes postérieures présentent une rangée d’épines. Sa silhouette élancée et sa petite taille (3mm) m’orientent vers la sous-famille des Typhlocybinae. Les motifs rouges évoquent le genre Zygina. Si je n’ai pas fait d’erreur jusque là, il me reste 13 espèces françaises, mais elles sont très peu illustrées et bien mal connues.

Elle tente de s’envoler. C’est l’occasion de détailler la nervation des ailes et les motifs des segments de l’abdomen.
J’ai envoyé cet individu mâle à un chercheur italien, il a examiné les genitalia et a confirmé l’espèce Zygina eburnea. Il a conservé cet exemplaire qui fera l’objet d’une publication scientifique. Elle illustrera les caractéristiques morphologiques de cette espèce rare de façon bien plus précise et plus complète que ce qui a été publié jusqu’à présent.
Chez les Zygina, de nombreuses espèces passent l’hiver à l’état adulte, en s’abritant dans le feuillage de persistants (conifères, lierre, ajoncs, houx, ronces). Leur détermination est délicate car leur morphologie peut varier selon les individus et aussi selon les saisons.
Les Zygina aspirent le contenu de cellules des feuilles de leur plante hôte laissant de petites taches claires dans le limbe après leur passage.
Trois observations seulement de Zygina eburnea sont localisées dans GBIF, uniquement en France : deux dans le Bordelais et une dans l’Yonne.

J’ai revu cette espèce au Parc du peuple de l’herbe en secouant quelques feuilles de ronces le long du chemin de halage. L’espèce serait inféodée aux saules.
Gilles, 👍👍👍 !!!
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Très jolie bestiole …
Bravo pour cette decouverte
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