Polygonia c-album, la chenille

Polygonia c-album – Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Cette chenille qui a vu l’objectif de mon appareil photo et le prend pour une menace adopte une posture d’intimidation. Ne vous y trompez pas, c’est son derrière aux épines blanches qui est relevé ! Sa tête est à gauche, couchée sur le côté.

Je reconnais là une chenille de Robert-le-diable (Polygonia c-album). Elle est ici sur une feuille d’orme, et c’est bien une de ses plantes hôtes. Ce papillon est l’un des premiers à apparaître au printemps car il passe l’hiver à l’abri dans un tronc creux ou sous des feuilles mortes.

Retrouvez une autre chenille étonnante :

Smerinthus ocellata

Quelques beautés du Quercy

Cephalanthera rubra – Saint-Vincent-Rive-d’Olt (46) © Gilles Carcassès

La céphalanthère pourpre, commune dans le Quercy, est classée « en danger d’extinction » dans la liste rouge de la flore vasculaire d’Ile-de-France. On peut encore la rencontrer dans le secteur de Fontainebleau. Elle était autrefois plus répandue car elle apparaît dans un relevé de la forêt de Saint-Germain-en-Laye de 1708. Cette espèce est protégée en Ile-de-France.

Satyrus ferula – Saint-Pantaléon (46) © Gilles Carcassès

La Grande coronide (Satyrus ferula) est classée « vulnérable » dans la liste rouge des Lépidoptères Rhopalocères & Zygènes d’Occitanie (2019). Sa chenille se nourrit des fétuques ovines.

Codophila varia – Saint-Pantaléon (46) © Gilles Carcassès

Cette grosse punaise capturée au filet fauchoir dans un causse du Quercy blanc est Codophila varia. Cette espèce polyphage est reconnaissable aux premiers articles rouges des antennes et au bord latéral infléchi du pronotum. Elle est strictement méditerranéenne, mais il existe quelques rares données récentes dans le Lot.

Canthophorus sp. sur Centranthus calcitrapae – Saint-Vincent-Rive-d’Olt (46) © Gilles Carcassès

Le centranthe chausse-trappes est une modeste plante annuelle qui pousse dans les éboulis ensoleillés en zone méditerranéenne. J’ai observé dans son inflorescence cette toute petite punaise noire à bordure blanche. Il s’agit d’un Canthophorus. Deux espèces sont connues pour vivre sur les centranthes : Canthophorus maculipes, réputée inféodée à Centranthus ruber et Canthophorus fuscipennis, que l’on trouve uniquement sur Centranthus angustifolius (dans les Alpes, le Jura et la Bourgogne). Et rien n’est répertorié sur Centranthus calcitrapae. Cette donnée est donc intéressante même si la photo ne permet pas d’identifier précisément l’espèce.

Sources :

Cephalanthera rubra, dans Florif

Cephalanthera rubra, dans Openobs.mnhn

Les punaises Pentatomoidea de France, de Roland Lupoli et François Dusoulier

Fabriciana niobe, le Chiffre

Fabriciana nioba – Saint-Pantaléon © Jean-Louis Verrier

Sur la maigre végétation d’un sommet venté dans le Quercy blanc, un grand papillon orange s’affaire sur les fleurs de germandrée des montagnes. Avec ces taches ivoire au revers de l’aile postérieure, j’en ferais bien un nacré mais je ne pense pas le connaître. La clé des mélitées, nacrés et damiers que j’utilise habituellement a été écrite pour les papillons de Champagne-Ardennes. Sera-t-elle pertinente pour le Quercy ? Je le tente.

Super, cette clé, vraiment ! J’arrive à Argynnis niobe, le Chiffre. Je conforte ma détermination par une vérification dans Artemisiae : c’est bien cette espèce, rebaptisée Fabriciana niobe. Elle est considérée comme ‘quasi menacée’ dans la Liste Rouge des Papillons de jour de France métropolitaine (UICN, 2012).

Montagnarde d’affinité méditerranéenne, elle était présente en Ile-de-France dans quelques stations de l’Essonne et de Seine-et-Marne jusqu’en 1950. Depuis, on ne l’a plus revue. Mais avec le changement climatique, on ne sait jamais, ouvrons l’œil ! Le premier qui signalerait son retour en Ile-de-France connaîtrait la gloire !

Fabriciana nioba – Saint-Pantaléon © Jean-Louis Verrier

Fabriciana niobe doit son nom vernaculaire, le Chiffre, aux dessins noirs alignés près du bord, sur le dessus de l’aile antérieure. Le Père Jacques-Louis-Florentin Engramelle (1734-1814) qui l’a décrit et nommé, y lisait le nombre 1376.

Notons, pour terminer sur une note culturelle, que c’est le 25 mars 1376 que Jeanne de Naples épousa en quatrièmes noces Othon IV de Brunswick-Grubenhagen. Voici ce que cette reine, célèbre en son temps, inspire à César de Nostredame, le fils de Nostradamus, auteur d’une Histoire de la Provence : (…) combien les femmes sont ineptes et incapables à commander, combien leur cerveau inconstant et léger, leurs forces débiles, leur cœur ployable et peu résolu et tous leurs mouvements prompts, incertains, embrasés, hâtifs, inconsidérés et violents. Il est très probable qu’elle ait été l’instigatrice du meurtre de son premier mari. Son second mari, autoritaire et brutal, pris froid en prenant son bain et en mourut. Le troisième époux était fou, des suites d’un emprisonnement de quatorze ans dans une cage de fer. Finalement, Jeanne sera assassinée le 27 juillet 1382, étouffée sous des oreillers. Parions que vous ne regarderez plus le Chiffre de la même façon !

Retrouvez un autre Nymphalidae :

Nymphalis antiopa, le Morio

Sources :

Les mélitées, nacrés et damiers de Champagne-Ardenne de Romaric Leconte, Michel et Vincent Baudraz

La vie des papillons, de Tristan Lafranchis, David Jutzeler, Jean-Yves Guillosson, Pieter et Brigitte Kan (2015)

Quelques insectes vus à La Roche-Guyon

Superbe sortie botanique et mycologie dans la réserve naturelle nationale des coteaux de la Seine, sous l’égide de l’Association des Naturalistes des Yvelines et de la Société Mycologique de France ! Nous avons pu observer en ce mois mai de très nombreuses espèces, rares ou pas, et échanger dans une ambiance fort sympathique. Mon penchant naturel pour les insectes a conduit malgré moi mon appareil photo vers la faune à six pattes. En voici quelques représentants vus ce jour-là.

Ematurga atomaria – La Roche-Guyon © Gilles Carcassès

Un grand Geometridae s’envole sous nos pas. Je le suis du regard, il s’est posé sur une branche de cornouiller mâle (Cornus mas) au soleil. Je reconnais une femelle à ses antennes non pectinées. Ematurga atomaria, la Phalène picotée, est très commun dans de nombreux milieux herbacés, y compris les friches urbaines. Ce papillon de nuit est actif le jour.

Coenonympha arcania – La Roche-Guyon © Gilles Carcassès

La détermination des Coenonympha nécessite l’examen attentif des détails du revers de l’aile antérieure. Ici, il s’agit de Coenonympha arcania, le Céphale, un habitué des pelouses calcaires.

Adscita sp. – La Roche-Guyon © Isabelle Goulmy

Les Adscita sont des papillons de la famille des Zygaenidae. Leurs chenilles consomment des hélianthèmes. L’identification dans ce genre est difficile et requiert l’examen des genitalia sous fort grossissement. Ici c’est un couple : à l’arrière-plan le mâle montre ses antennes pectinées. Nous avons observé ces beaux papillons dans la partie la plus sèche et la plus exposée des coteaux, sur un sol crayeux.

Pyrrhidium sanguineum – La Roche-Guyon © Gilles Carcassès

Dans la forêt, place aux insectes saproxyliques !

Pyrrhidium sanguineum, la callidie sanguine, semble poser pour nous au bord du chemin. Sa larve consomme le bois juste sous l’écorce des arbres fraîchement abattus ou tombés.

Raphidioptère – La Roche-Guyon © Gilles Carcassès

Cette raphidie femelle va pondre à l’aide de son long ovipositeur dans une fente de bois, sa larve étant prédatrice d’insectes xylophages. Les raphidies, qui forment un ordre à part, les Raphidioptères, sont de détermination délicate.

Nymphalis antiopa, le Morio

Nymphalis antiopa – Poigny-la-Forêt © Gilles Carcassès

Posé, immobile et les ailes fermées, ce papillon n’est facile à distinguer.

Nymphalis antiopa – Poigny-la-Forêt © Gilles Carcassès

Il est beaucoup plus contrasté quand il ouvre ses ailes !

Le Morio n’est pas très commun, et même je n’avais encore jamais croisé sa route. En Ile-de-France, la plupart des observations concernent les massifs forestiers de Fontainebleau et de Rambouillet.

Ses chenilles, comme celles de la grande tortue, Nymphalis polychloros, apprécient les feuilles des saules.

Nymphalis antiopa est classé « en danger » dans la liste rouge des papillons de jour d’Ile-de-France en raison de la destruction de ses habitats, notamment les forêts alluviales, transformées en plantations de peupliers.

Retrouvez un autre Nymphalidae de la forêt de Rambouillet :

Le grand mars changeant

Source :

Liste rouge régionale des rhopalocères et zygènes d’Ile-de-France

Le c-blanc

Polygonia c-album – Herbeville © Gilles Carcassès

Ce motif blanc en forme de C est caractéristique du papillon de jour Polygonia c-album. Il a pour nom vernaculaires C-blanc et aussi Robert-le-diable, en raison des tons chauds du dessus de ses ailes.

Ce papillon fait partie des espèces qui passent l’hiver à l’état adulte en se protégeant du froid dans une cachette bien isolée, comme un tas de feuilles mortes, un tronc creux, un cabanon. Et très logiquement c’est aussi l’un des premiers que l’on voit voler dès les premiers beaux jours.

Retrouvez d’autres papillons qui hivernent :

Le paon-du-jour

Le citron

Araschnia levana, la carte géographique

Chrysalide sur une ortie dioïque – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Au bord d’un chemin ombragé, les touffes d’orties sont passablement grignotées. En retournant quelques feuilles, je finis par débusquer un présumé coupable : cette chrysalide de papillon, aux reflets argentés, attachée à la plante par le derrière. Je la prélève délicatement pour en tenter l’élevage afin de déterminer l’espèce avec certitude.

Chenille de Polygonia c-album – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Sur la même plante, je trouve un autre indice très sérieux, cette minuscule chenille est celle du Robert-le-diable (Polygonia c-album) au stade L2.

Je coince la feuille dans le système de fermeture d’un récipient transparent, afin que la chrysalide reste suspendue, après avoir bien entendu percé le couvercle pour assurer une bonne aération de la boîte. Il ne reste plus qu’à attendre et surveiller tous les jours…

Araschnia levana – Vouillé (79) © Aurélie Carcassès

Une semaine passe, surprise ! Un magnifique papillon est sorti de la chrysalide, et ce n’est pas du tout un Robert-le-diable, mais une Carte géographique (Araschnia levana), un Nympalidae inféodé aux orties.

Araschnia levana – Vouillé (79) © Aurélie Carcassès

Ce superbe papillon a fini de se remettre de ses émotions sur une tige de menthe. Les orties ne sont pas loin. Ce sont ces dessins blancs en réseau au revers de son aile postérieure qui lui valent son surnom de carte géographique.

Ici, c’est la génération d’été, sombre avec de larges bandes blanches.

Source :

Araschnia levana, par André Lequet

Apatura iris, le grand mars changeant

Apatura iris – forêt de Rambouillet © Gilles Carcassès

Au bord d’une flaque dans l’allée forestière, ce grand papillon se désaltère en plongeant sa trompe jaune dans la boue. Les reflets bleus de ses ailes me rappellent le mâle du petit mars changeant, mais ici c’est un mâle du grand mars changeant. Pour différencier ces deux espèces du genre Apatura, outre la taille, il faut observer les dessins du dessus des ailes. Apatura iris n’a pas d’ocelle sur l’aile antérieure et l’aile postérieure présente une large bande blanche, assortie d’un dent en son milieu tournée vers l’arrière.

Les femelles de ces deux espèces n’ont pas ces magnifiques irisations bleues.

Sur le revers de l’aile postérieure, une bande blanche en forme de lame de faux, avec une pointe, est également visible. Le revers de l’aile antérieure est orné d’un gros ocelle.

Comme Apatura ilia, Apatura iris est attiré par les odeurs fortes des excréments et des charognes. Ce comportement est semble-t-il le seul fait des mâles. Ils y puisent des sels minéraux nécessaires à leur métabolisme. Il paraît que l’on peut facilement appâter ces papillons avec un très vieux fromage à pâte molle bien odorant. Tout bon naturaliste devrait toujours avoir une part de fromage bien fait dans sa musette lorsqu’il part l’été en forêt.

Retrouvez d’autres Nymphalidae :

La grande tortue

La petite tortue

Apatura ilia

Apatura ilia – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Le petit mars changeant est un papillon discret car il reste généralement cantonné dans le haut des arbres où il se nourrit du miellat des pucerons. On le voit parfois posé au sol attiré par les sels minéraux d’une petite charogne ou d’un excrément. Le papillon sort alors sa magnifique trompe jaune pour aspirer les sucs.

Apatura ilia – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Les pointes des antennes sont joliment assorties à la trompe !

Apatura ilia – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Selon l’incidence de l’éclairage, les ailes du mâle peuvent prendre des reflets bleus ou violets. Cette couleur est une irisation engendrée par les microreliefs que présentent les écailles des ailes de ce papillon.

Apatura ilia – forêt de Rosny-sur-Seine © Gilles Carcassès

La chenille du petit mars changeant consomme des feuilles de peupliers et de saules. Cette espèce est peu commune en Ile-de-France. On l’observe surtout en juin.

Retrouvez un autre papillon de jour forestier :

Le Tircis

Coenonympha arcania, le céphale

Coenonympha arcania – Crespières © Gilles Carcassès

Ce papillon est bien aimable de me laisser approcher à deux centimètres !

Coenonympha arcania est peu commun en Ile-de-France, il fréquente principalement les pelouses calcaires. On le repère d’assez loin avec sa bande blanche sur le revers de l’aile postérieure. La chenille de cette espèce consomme les feuilles des fétuques, des méliques et des brachypodes.

Retrouvez un autre Coenonympha, plus commun :

Coenonympha pamphilus

Source :

Coenonympa arcania, fiche descriptive dans l’INPN