Philaeus chrysops, la saltique sanguinolante

Philaeus chrysops mâle – Saint-Vincent-Rive-d’Olt (46) © Gilles Carcassès

J’entreprends avec mon ami Jean-Louis de gravir un coteau escarpé surplombant la vallée du Lot. La vue dégagée pourrait nous permettre d’observer quelques rapaces qui nichent dans le secteur : faucons pèlerins et hobereaux, aigles bottés, circaètes Jean-le-blanc. Ce matin, c’est une fauvette passerinette qui nous fait l’honneur d’un concert et d’une courte visite.

Je jette un œil sous quelques pierres pour découvrir la petite faune locale. Sous l’une d’elle je repère cette superbe saltique, au repos dans une fine loge de soie.

Elle se tient gentiment tranquille dans mon bac blanc le temps d’une photo. Je n’en avais jamais vu de semblable, pourtant Philaeus chrysops, la saltique sanguinolente, est présente dans presque toute la France. Il s’agit de l’une des plus grosses saltiques d’Europe. Elle chasse à l’affût des mouches et d’autres petits arthropodes. Cette espèce affectionne les milieux chauds et secs. On la rencontre souvent dans des pierriers.

Ici, c’est un mâle, la femelle n’ayant pas ce rouge éclatant. Elle a même une allure totalement différente !

Philaeus chrysops femelle – Albas (46) © Gilles Carcassès

Retrouvez une autre Salticidae :

La saltique arlequin

Saitis barbipes, un jeune mâle

Saitis barbipes – Le Cannet (06) © Gilles Carcassès

Pour ma promenade matinale, mes pas m’amènent jusqu’au square Carnot. Armé d’un petit bac d’observation, je cherche désespérément une zone un peu sauvage propice à l’observation des insectes. Tout est taillé, gratté, tondu, rasé de près. Un muret en partie couvert de lierre m’offrira cette élégante Salticidae de 4mm. Les patrouilles de police municipale se succèdent, j’essaie de conserver l’allure d’un individu normal.

Voyez-vous ce tour de l’œil rouge vif ? Et l’ébauche de la barre de même couleur à l’arrière de la tête ? Il s’agit d’un mâle Saitis barbipes, un des plus beaux représentants de la famille des Salticidae en France mais ici c’est un juvénile, il n’aura que dans quelques mois ses belles couleurs définitives. Je ne désespère pas de rencontrer un jour l’araignée adulte et de vous la présenter dans ces pages.

Saitis barbipes – Le Cannet (06) © Gilles Carcassès

Sous une certaine incidence, une irisation bleue vient compléter le tableau. On voit sur cette photo ses huit gros yeux (quatre de chaque côté).

Retrouvez une autre jolie Salticidae :

Icius subinermis

Marpissa nivoyi

Marpissa nivoyi – Saint-Léger-en-Yvelines © Gilles Carcassès

J’explore quelques herbes au bord du sentier qui contourne les mares de Vilpert, en forêt de Rambouillet. Cette petite araignée longiligne (5mm) me surprend par sa façon de tenir ses grosses pattes antérieures droites devant elle, un peu comme un chariot élévateur ou un pseudoscorpion. Ses gros yeux trahissent sa famille, celle des Salticidae. Il s’agit de Marpissa nivoyi, une espèce peu souvent observée en Ile-de-France. Elle affectionne les roseaux et les herbes des milieux humides.

Retrouvez une autre Marpissa, plus commune :

Marpissa muscosa

Icius subinermis, une très belle saltique

Je vous ai déjà montré des individus immatures de cette espèce, voici les adultes.

Icius subinermis mâle – Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Le mâle Icius subinermis présente une livrée très contrastée. J’ai trouvé celui-ci au bord de l’étang de la Vieille ferme, dans le bois pourri d’un peuplier effondré.

Icius subinermis mâle – Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

On le reconnaît à ses moustaches blanches sous les yeux et au fait que les bandes blanches sur le côté de son abdomen ne se joignent pas à l’avant. Chez cette espèce, les pattes antérieures des mâles sont plus sombres que les autres.

Icius subinermis femelle – Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

J’ai un faible pour la femelle, je la trouve très mignonne avec ses palpes poilus et ses pattes blondes. Elle n’était pas facile à repérer sur le plancher du grand ponton des bords de Seine.

Icius subinermis est une Salticidae qui progresse vers le nord. Elle est maintenant bien implantée en Ile-de-France. Elle affectionne particulièrement les berges des cours d’eau et des étangs.

Retrouvez une autre Salticidae :

La saltique orangée

Carrhotus xanthogramma, la Saltique orangée

Carrhotus xanthogramma – Orgeval © Gilles Carcassès

En quête d’insectes, je secoue une branche d’aulne au bord de l’étang d’Abbecourt. Qui donc est tombé dans ma nappe de battage ? C’est une Salticidae de belle taille. J’adore le regard de ces araignées ! Et celle-ci est très bien coiffée et maquillée.

Je la transfère délicatement dans mon bocaloscope avant de la relâcher dans son milieu.

Carrhotus xanthogramma – Orgeval © Gilles Carcassès

La grosse Carrhote !

Une grosse Salticidae en orange et noir ? C’est facile, il s’agit de Carrhotus xanthogramma. Et ici c’est même une femelle car le mâle est plus fluet et contrasté.

Carrhotus xanthogramma – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Voici une autre femelle, plus pâle, trouvée dans les hautes herbes d’un chemin creux. Ses palpes sont vraiment très poilus.

Carrhotus xanthogramma chasse à l’affût posée sur une feuille large et capture ses proies en leur sautant dessus.

Retrouvez d’autres Salticidae :

Leptorchestes berolinensis, araignée myrmécomorphe

La grande saltique

Ballus chalybeius

Ballus chalybeius – Vétheuil © Gilles Carcassès

La scène se passe sous les tirs de carabine d’une escouade de chasseurs. En attendant le coup de trompe libérateur sonnant la fin de la chasse, je limite sagement ma prospection à un espace limité entre deux gros rochers. Cette minuscule araignée de 3 mm qui galope sous une feuille de scolopendre me donne bien du souci pour la photographier. Surtout quand un joyeux épagneul de passage vient batifoler dans mes jambes avant de repartir aux sangliers !

Cette mignonne araignée est nommée Ballus chabyleus, c’est une Salticidae, une araignée sauteuse. Elle est reconnaissable au dessin noir particulier sur sa patte postérieure, qu’enfin elle veut bien me montrer. On la trouve dans les buissons et les feuilles des plantes, en forêt ou dans les lisières.

Retrouvez une autre Salticidae :

La saltique arlequin

Leptorchestes berolinensis, araignée myrmécomorphe

Leptorchestes berolinensis – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

La table est dressée sur la terrasse pour le déjeuner. En attendant l’apéritif, je suis des yeux machinalement les errements d’une petite fourmi qui court sur la nappe. Elle est bizarre cette fourmi, on dirait bien qu’elle a huit pattes !

Leptorchestes berolinensis mâle – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Huit pattes : c’est donc une araignée !

Et même une Salticidae, avec ces deux gros yeux frontaux qui semblent me dévisager ! Cet abdomen tricolore, et cette hanche de la troisième patte, noire et non pas blanche comme celles des autres pattes, m’orientent vers Leptorchestes berolinensis.

Cette araignée, par sa silhouette et son comportement, imite une fourmi, on la dit myrmécomorphe. Il s’agit sans doute de dissuader d’éventuels prédateurs qui évitent les fourmis.

Retrouvez une autre insecte qui imite une fourmi :

Himacerus mirmicoides, une punaise fausse-fourmi

Salticus scenicus, la saltique arlequin

Salticus scenicus – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

T’as de beaux yeux, tu sais

Cette petite araignée en chasse sur le mur d’une maison est une Salticidae. Ces espèces sauteuses sont reconnaissables à leurs gros yeux en position frontale.

Les pattes sont annelées, l’abdomen est fortement barré de blanc et le céphalothorax présente les motifs caractéristiques de l’espèce, notamment la tache noire dorsale bien marquée. Je ne pense pas me tromper en affirmant qu’il s’agit de Salticus scenicus.

Cette espèce commune vit sur les murs, les panneaux et les poteaux en bois, plutôt au soleil. Elle ne tisse pas de toile et chasse à vue en bondissant sur ses proies. Elle a ici capturé un moucheron qu’elle maintient avec ses palpes et ses mandibules.

Avec cet abdomen arrondi, on peut dire que c’est une femelle.

Retrouvez une autre Salticidae :

Marpissa muscosa, un grande saltique peu farouche

La grande saltique

Marpissa muscosa – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

Tapie dans l’ombre sous une écorce

Dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye, je cueille cinq ou six mousserons de la Saint-Georges, de quoi parfumer une petite omelette avec les oeufs de mes poules. Il fait beau, j’en profite pour chercher des insectes au pied des arbres.

Cette belle araignée sera mon tableau de chasse (photographique). On dirait une saltique, mais géante ! Mes recherches me confirment l’existence d’un représentant de la famille des Salticidae qui a cette apparence et une taille de plus d’un centimètre : Marpissa muscosa. Elle est même très commune, mais je ne l’avais jamais vue.

Marpissa muscosa – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

Elle a bien voulu accepter mon invitation à grimper sur ma main. Pas timide, la bête ! Et pas agressive du tout : elle se laisse gentiment photographier. Ces deux gros yeux ronds qui se touchent lui feraient presque un regard expressif. En fait elle n’a pas deux yeux, elle en a huit, quatre gros devant, et deux plus petits de chaque côté du céphalothorax.

Avec ce masque de couleur fauve sous les yeux, c’est une femelle. Cette espèce ne tisse pas de toile, elle saute sur ses proies.

Source :

Marpissa muscosa, par Quel est cet animal

Retrouvez dans nos articles, une autre araignée :

L’épeire de velours