Cheiracanthium mildei, l’araignée jaune

Cheiracanthium mildei – Poissy © Gilles Carcassès

Sur le mur de la salle de bains

Elle est étonnante, cette araignée dont les pattes antérieures sont plus longues que les autres ! Avec ses tons beige et jaune verdâtre, elle est joliment assortie au carrelage. Et ces couleurs me permettent de la déterminer, il s’agit de Cheiracanthium mildei, une araignée très commune de la famille des Cheiracanthiidae. Le jour, elle se cache dans une petite loge de soie, dans le coin d’un mur par exemple. Elle est active en fin de nuit, explore son domaine et chasse à courre ses proies car elle ne tisse pas de toile. Il paraît que son corps peut changer de couleur en fonction de la nourriture qu’elle ingère.

Cheiracanthium mildei – Poissy © Gilles Carcassès

Ses deux rangées de quatre yeux lui permettent de me voir, mais me regarde-t-elle ? Ma présence semble lui être totalement indifférente. Cette espèce au venin inoffensif pour l’homme n’est pas du tout agressive.

Cheiracanthium mildei vit aussi dehors dans la végétation basse. Si vous ne la tolérez pas dans votre maison, vous pouvez donc sans lui nuire lui proposer votre jardin.

Retrouvez dans cet article la fin tragique d’un Cheiracanthium mildei :

Le chemin du pompile

Une autre sympathique colocataire :

Dracula, le vampire

Source :

L’identification des espèces d’araignées sans toiles de chasse de la région PACA, par Françoise Drouard et Anne Bounias-Delacour

Le chemin du pompile

Auplopus sp. et sa proie Cheiracanthium mildei – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Septembre 2020, sur la terrasse à l’heure du café

Une araignée traverse la table, sur le dos, portée par une petite guêpe noire ! Cet hyménoptère est en fait un pompile de genre Auplopus, il capture des araignées et les enferme dans son nid. Il les destine comme nourriture pour ses larves. Je me dis qu’il s’est fourvoyé, aussi je déménage délicatement cet étonnant équipage et le pose au bout de la terrasse côté jardin.

Auplopus sp. – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Curieux de découvrir l’emplacement de son nid, je suis cet hyménoptère du regard. Il entreprend d’escalader le mur de la maison. Ça n’a pas l’air facile, il tombe plusieurs fois. Quand il arrive enfin au plafond, il s’envole lourdement et atterrit… sur la table ! L’animal reprend alors le même chemin, trainant toujours laborieusement sa proie !

La cachette d’Auplopus sp. – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Et tous deux disparaissent au prix d’une manœuvre hardie et apparemment bien rodée dans une fente entre deux lattes de la table. Je me sens honteux, moi le prétendu professionnel de la biodiversité, d’avoir fait perdre inutilement du temps et de l’énergie à ce pauvre pompile. La morale de l’histoire, c’est qu’en croyant bien faire, on intervient souvent de travers et qu’il est préférable de laisser faire la Nature !

Cette petite araignée au ventre jaune qu’un ami arachnologue identifie comme une très probable Cheiracanthium mildei est connue comme prédatrice efficace des pucerons cendrés dans les vergers de pommiers. Mais elle fréquente aussi les bâtiments. A noter qu’une espèce proche, Cheiracanthium inclusus qui vit au Etats-Unis, a causé le rappel de 65000 véhicules parce qu’elle installait préférentiellement sa retraite de soie dans l’évent du réservoir d’essence ! Il a fallu y installer un filtre anti-araignée.

Retrouvez d’autres hyménoptères chasseurs spécialisés :

Chasseur de criquets : Prionyx kirbii

Chasseur de punaises : Dryudella tricolor

Chasseur d’abeilles : Philanthus triangulum

Chasseur de mouches ; Ectemnius cephalotes

Chasseur de chenilles : Eumenes coronatus