Dans les friches alluviales de la boucle de Moisson, la sécheresse et les canicules de l’été ont tout grillé ! Tout ? Non, un capitule de panicaut résiste encore et montre quelques étamines ! Une abeille solitaire l’a trouvé et s’abreuve de son nectar. C’est un collète, très probablement Colletes hederae, une espèce dont les femelles récoltent le pollen des fleurs du lierre pour approvisionner leurs larves au fond de leur terrier.
Surprise ! Sur ma photo, je découvre deux passagers clandestins accrochés au cou de l’abeille. Ce sont des triongulins, de petites larves parasites.
Quelques mètres plus loin, ça s’agite fort au revers d’une foliole de robinier ! Une masse compacte de minuscules insectes s’agite et se disperse quelque peu à l’approche de mon objectif.
Je reconnais les triongulins, ceux-là même qui font du stop sur le collète du lierre. Ce sont des larves d’un coléoptère Meloidae, très probablement l’espèce Stenoria analis dont les éclosions sont synchronisées avec l’apparition des mâles de Colletes hederae.
De la ponte de l’adulte, il ne reste que les enveloppes vides des œufs. Les petites larves ont commencé à tisser de très fins fils de soie auxquels leur masse grouillante va se fixer et se laisser pendre. Elles émettent alors des effluves traîtresses propres à attirer les collètes mâles qui pensent trouver une femelle. Lorsqu’ils réalisent leur méprise, il est trop tard, des triongulins se sont accrochés à leur toison à l’aide de leurs longues pattes courbes et triplement griffues (d’où le nom triongulin). Ils passeront ensuite, au prix d’une acrobatie dont ils ont le secret, sur le dos d’une femelle lors d’un accouplement ou d’une rencontre, et iront parasiter le terrier de l’abeille, y finissant leur développement.
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