Nyea lurideola, la chenille

Nyea lurideola – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

Un coup de vent de l’été dernier a arraché une branche de châtaignier, elle est restée pendue et ses feuilles desséchées se sont recroquevillées. Que vais-je trouver dans cet abri de qualité ? Des psoques, des chrysopes en grand nombre, des forficules et puis cette curieuse chenille bicolore.

Les huit tubercules orange sur le flanc qui tranchent sur le fond noir sont un bon critère pour reconnaître la chenille de Nyea lurideola. Normalement on voit cette chenille de mars à mai. Celle-ci, en raison de la douceur de ce mois de février, est en avance. Elle se nourrit de lichens sur les troncs et les branches des arbres. L’adulte, aux longues ailes grises, vole en été. C’est une espèce très commune.

Retrouvez une autre chenille d’Erebidae :

La chenille de l’écaille martre

Macrochilo cribrumalis, l’Herminie pointillée

Macrochilo cribrumalis – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

J’aimerais bien trouver un de ces papillons de nuit qui vivent parmi les roseaux et les hautes herbes des berges des étangs car certains sont rares. Alors je tente ma chance à l’aveugle avec mon filet à papillons dans une cariçaie au bord de l’étang de la Galiotte. Je ne remonte aucun papillon, seulement cette petite chenille.

Macrochilo cribrumalis – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Le dessin particulier de sa tête me fait espérer une détermination facile, mais j’aurai besoin de l’aide de quelques experts pour y parvenir car, si le papillon est assez connu, sa chenille est très peu présente dans les galeries entomologiques. Il s’agit d’un Erebidae, Macrochilo cribrumalis, spécialiste de ce type de milieu. J’essaierai de voir l’adulte en l’attirant la nuit avec une lumière lors de son pic de vol à la fin du mois de juin.

Les chenilles de Macrochilo cribrumalis consomment des laiches, des joncs, des luzules, des roseaux et hiverne dans les tiges de ces plantes.

Retrouvez un autre insecte trouvé dans la même cariçaie :

Le criquet ensanglanté

Un autre Erebidae dont la chenille apprécie les Carex :

La Soyeuse

Sources :

Macrochilo cribrumalis, fiche descriptive dans l’INPN (Y.Baillet – 2018)

Macrochila cribrumalis, dans Oreina

Nyea lurideola, la Lithosie complanule

Nyea lurideola – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Cette lithosie aux ailes grises bordées de jaune mesure environ 2 cm de long. C’est une espèce très répandue. Celle-ci a traversé le chemin devant moi, en fin d’après-midi, et s’est posé sur une feuille de fusain d’Europe.

Nyea lurideola – Crespières © Gilles Carcassès

La chenille de Nyea lurideola se nourrit de lichens, on peut la rencontrer la nuit, au printemps, sur les troncs d’arbres. Cette espèce était autrefois nommée Eilema lurideola.

Retrouvez d’autres papillons dont les chenilles vivent sur les lichens :

Leurs chenilles mangent des lichens !

Leurs chenilles mangent des lichens (la suite) !

Dysauxes punctata, la Ménagère

Dysauxes punctata – Saint-Paul-Trois-Châteaux (26) © Gilles Carcassès

Voici un petit papillon typiquement méditerranéen. Comme beaucoup d’autres Erebidae, il est très contrasté et coloré.

Dysauxes punctata in copula- Saint-Paul-Trois-Châteaux (26) © Gilles Carcassès

Ici, c’est un couple installé sur une feuille de la base d’une vipérine. Je l’ai repéré lors de mes prospections pour trouver le longicorne inféodé à cette plante, Opsilia coerulescens.

Dysauxes punctata est souvent actif en journée, sa chenille est polyphage sur plantes basses.

Retrouvez d’autres Erebidae :

L’Ecaille fermière

L’Ecaille du myosotis

Arctia villica, l’Ecaille fermière

Arctia villica – Saint-Vincent-Rive-d’Olt (46) © Gilles Carcassès

Ce beau papillon de nuit s’échappe à l’ouverture matinale du piège lumineux. Je le suis des yeux et le retrouve sur une feuille d’hortensia à quelques mètres de là. Il s’agit de l’Ecaille fermière, Arctia villica, un Erebidae.

Arctia villica – Saint-Hilarion © Gilles Carcassès

Ses ailes postérieures sont jaunes tachées de noir et son abdomen est à dominante rouge.

La chenille polyphage de l’Ecaille fermière consomme de nombreuses plantes basses. Ce papillon est thermophile, il affectionne les milieux ouverts, comme les pelouses sèches.

Retrouvez d’autres belles écailles :

L’écaille martre

L’écaille tigrée

L’écaille cramoisie

Source :

Arctia villica, fiche descriptive dans l’INPN (Y. Baillet – 2018)

Utetheisa pulchella, l’Ecaille du myosotis

Le soleil se couche sur le parc du peuple de l’herbe, il est temps de rentrer. En frôlant un pied de vergerette annuelle en fleurs, je fais décoller un papillon au vol rapide et zigzagant. Je le suis, enjambant rapidement les herbes sèches et les ronces bleues, sur une dizaine de mètres. Il s’est posé sur un églantier. Je m’approche doucement.

Utethesia pulchella – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Cette splendeur est un Erebidae migrateur, on le voit régulièrement au bord de la Méditerranée et il n’est pas rare de l’observer sur le littoral atlantique. Cette année, avec ce vent du sud qui nous apporte une chaleur inhabituelle pour une fin octobre, il nous fait l’honneur d’une visite exceptionnelle dans l’intérieur des terres.

Les chenilles d’Utethesia pulchella consomment des Boraginaceae comme les myosotis, les héliotropes et les vipérines.

Retrouvez un autre Erebidae migrateur :

La Passagère

Source :

Utetheisa pulchella, fiche descriptive dans l’INPN – Y. Baillet (2018)

Lygephila craccae, l’Ophiuse des pois à crapauds

Lygephila craccae- Saint-Vincent-Rive-d’Olt © Gilles Carcassès

Voici un Erebidae que l’on peut voir de juin à octobre. Il est présent en Ile-de-France mais peu fréquent, en revanche il est assez commun dans le sud de la France. Sa tache réniforme est étroite et allongée, au-dessus la tache orbiculaire est réduite à un discret point noir. Le dessus de la tête et l’avant du thorax sont marqués d’une tache d’un noir profond.

Sa chenille vit sur les vesces, les coronilles, et d’autres Fabaceae. Le terme pois à crapauds désigne semble-t-il Vicia cracca, la vesce à épis. Je doute fort que les crapauds trouvent cette plante à leur goût !

Retrouvez d’autres Erebidae :

L’écaille tigrée

L’écaille martre

Lymantria monacha, la Nonne

Lymantria monacha – L’Hôpital-Camfrout © Gilles Carcassès

Ce papillon de nuit est posé sur un mur en granit dans la région de Brest. Les dessins disruptifs de ses ailes le camouflent parfaitement. Ne le croirait-on pas adapté aux rochers bretons ? Lymantra monacha est pourtant répandu partout en France.

Ses chenilles consomment aussi bien les feuillus que les résineux. Ici, c’est un mâle, il laisse voir un peu de son antenne droite et l’on reconnaît sa structure en peigne.

Retrouvez l’autre Lymantria :

Lymantria dispar

Lymantria dispar, le Bombyx disparate

Lymantria dispar mâle – Poissy © Gilles Carcassès

Le dimorphisme sexuel chez le bombyx disparate est flagrant. La femelle, aux ailes très claires, est peu apte au vol et reste à proximité de sa chrysalide. Elle attend d’être repérée et fécondée par un mâle. Celui-ci est doté en conséquence d’impressionnantes antennes doublement pectinées qui lui font un peu une tête de lapin !

Lymantria dispar femelle – Vouillé (79) © Aurélie Carcassès

La femelle pond dans un feutrage brun constitué de poils abdominaux et d’un mucus assurant leur cohésion.

Lymantria dispar, éclosion des jeunes chenilles – Poissy © Gilles Carcassès

Ces pontes spongieuses sont collées sur divers supports comme des piquets, des troncs, des murs ou des rochers. Sur la photo ci-dessus, c’est sur un tuteur qu’une femelle avait pondu. Comment font ces chenilles pour se nourrir sur des milieux aussi arides ? L’espèce use d’une stratégie originale : chaque jeune chenille tisse un fil de soie de plusieurs mètres et se laisse porter au gré des vents vers les feuillages les plus proches.

Chenille de Lymantria dispar – La Roche-Guyon (95) © Gilles Carcassès

Les chenilles de Lymantria dispar se développent sur les chênes, les hêtres et les charmes et peuvent certaines années provoquer de spectaculaires défoliations de forêts entières. Elles ne sont pas urticantes. Ces pullulations exceptionnelles durent en général de deux à quatre ans. Les populations du ravageur finissent par être régulées naturellement. On constate en effet la prédation par des coléoptères, notamment les calosomes, et un fort parasitisme par de nombreuses espèces d’hyménoptères et de mouches tachinaires. Ces dernières sont également potentiellement vectrices de virus mortels pour ces chenilles. Selon les experts du Ministère de l’Agriculture, « il convient de laisser réagir le milieu naturel et de le perturber le moins possible durant ces phases épidémiques ». On est loin heureusement de l’emploi massif de l’arséniate de plomb et du DDT largués par avion au-dessus des forêts, jusque dans le milieu du XXème siècle !

Introduit accidentellement aux Etats-Unis en 1869, le bombyx disparate, non accompagné de ses parasitoïdes et prédateurs naturels, y a fait des dégâts considérables. Sa dispersion rapide a été favorisée par des pontes placées sous des véhicules !

Retrouvez un de ses parasitoïdes :

Lymantrichneumon disparis

Sources :

Le Bombyx disparate, par chenilles.net

Régression de l’épidémie de bombyx disparate en Bourgogne Franche Comté, par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire