Atta, fourmi-manioc

porte-clé BASF © Gilles Carcassès

Les collections de porte-clés recèlent parfois des trésors ! Celui-ci fait la promotion d’un produit formicide nommé BASFORMID. Chose étonnante, il contient en inclusion une grosse fourmi ! Grâce à la forme de sa tête très particulière, je la rapporte au genre Atta, comprenant de très nombreuses espèces vivant en Amérique du Sud et en Amérique centrale.

Je trouve peu d’informations sur ce pesticide qui n’est plus commercialisé. Un article de 1966 rapporte un essai de destruction de trois espèces du genre Atta au Brésil à l’aide de la spécialité BASFORMID F.214.

Atta sp. © Gilles Carcassès

Ces fourmis sont surnommées fourmis-manioc car elles défolient cet arbuste mais aussi de très nombreuses autres plantes cultivées, comme les citronniers, les caféiers, les cacaoyers, la canne à sucre, le maïs, les plantes potagères… Elles rapportent dans leur nid souterrain les feuilles ainsi découpées sur lesquelles va se développer un champignon dont elles se nourrissent. Ce sont les fameuses fourmis coupeuses de feuilles !

Certaines espèces mexicaines du genre Atta sont traditionnellement cuisinées en ragoût ou en friture, et servies avec de la sauce piquante.

BASF indique que le logo qui orne ce porte-clé a été en vigueur en 1952 et 1953.

Sources :

Combat expérimental des fourmis Atta bisphaerica, A. laevigata et A. sexdens rubropilosa, avec Basformid F. 214 Poudre sèche – Adauto C. Zunti, Elpidio Amante

BASF logo

Les fourmis-manioc en Guyane – BSV Guyane

Lutte contre les fourmis-manioc : méta analyse – Mathilde Dionisi

Myrmica rubra, la Fourmi rouge

Myrmica rubra – Cernay-la-Ville © Gilles Carcassès

Six fourmis s’affairent autour d’un troupeau de pucerons sur une tige de ronce, au bord du ru des Vaux.

Myrmica rubra – Cernay-la-Ville © Gilles Carcassès

A sa couleur, à sa tête fortement ridée et à son pétiole lisse, je reconnais Myrmica rubra. Cette espèce consomme beaucoup de miellat qu’elle récolte auprès des pucerons, mais elle est aussi une bonne chasseuse et peut capturer des insectes. C’est d’ailleurs l’une des rares fourmis dans notre pays à posséder un aiguillon. Sa piqure étant douloureuse, il n’est pas recommandé de la manipuler sans précautions.

Cette espèce affectionne les prairies humides et les forêts claires. Le nid qui héberge plusieurs reines est installé sous terre ou sous une écorce. Ces fourmis sont actives jusqu’à la mi-novembre puis elles hibernent dans leur nid jusqu’aux beaux jours.

Myrmica rubra est une espèce invasive en Amérique du Nord.

Retrouvez un autre article sur la vie des fourmis :

L’envol des fourmis

Source :

Myrmica rubra, dans le Dictionnaire amoureux des fourmis

Plagiolepis

Plagiolepis cf pygmaeea – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Fourminuscule !

Malgré sa très petite taille, cette fourmi trotte sur ma main avec vélocité.

Plagiolepis cf pygmaea – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Plusieurs de ces fourmis étaient affairées dans une fleur de ficaire. Elles étaient vraisemblablement attirées par le nectar de ces fleurs.

Il s’agit d’un Plagiolepis, et sans doute l’espèce la plus commune dans ce genre, Plagiolepis pygmaea. Il faudrait, pour affirmer l’espèce, apprécier la taille relative des articles du funicule antennaire, ce que ne permet pas mon appareil photo avec cette fourmi très active.

Plagiolepis pygmaea serait la plus petite espèce de fourmi d’Europe. Elle construit son nid dans la terre d’un talus au soleil ou sous des pierres, ou parfois dans des pots de fleurs. Cette espèce est omnivore mais apprécie particulièrement les nourritures sucrées. Elle est surtout commune dans les régions méditerranéennes. Elle n’est pas connue d’Ile-de-France mais a déjà été vue dans l’Oise.

Retrouvez une autre fourmi de petite taille :

Temnothorax

Temnothorax

Temnothorax cf. unifasciatus – Castres (81) © Gilles Carcassès

Toute mini, toute mimi !

Ces très petites fourmis rousses avec un abdomen brillant sont des Temnothorax. En raison de leur tête claire et de la large bande noire sur leur abdomen, je les verrais bien de l’espèce Temnothorax unifasciatus. Les choses boudinées blanches ou jaunes qu’elles manipulent sans hâte sont leurs larves.

Temnothorax unifasciatus – Castres (81) © Gilles Carcassès

Ici, la colonie toute entière tient sous une écaille d’écorce de platane. Ces fourmis investissent souvent, pour fonder leur colonie, des branches creuses ou des glands percés par les balanins et tombés au sol. Elles se nourrissent d’insectes morts et bien qu’elles n’élèvent pas de pucerons, elles apprécient beaucoup le miellat qu’elles vont lécher sur les feuilles.

Les myrmécologues élèvent facilement les Temnothorax, peu encombrants et très placides, afin d’étudier leur comportement. Ils les nourrissent, paraît-il, avec des criquets morts coupés en deux et du lait fraise servi dans un peu de coton.

Les scientifiques ont ainsi constaté chez Temnothorax unifasciatus que lorsqu’un individu est malade, il quitte la colonie et évite ainsi de contaminer les autres.

Retrouvez d’autres histoires de fourmis :

L’envol des fourmis

Au pays des moutons bleus

Source :

Fourmis des genres Temnothorax et Leptothorax, par MyrmecoFourmis

Au pays des moutons bleus

Lasius sp. mâles – Poissy © Gilles Carcassès

Oh ! des mourfis lovantes !

Ces petites fourmis ailées, fatiguées par leur ballet nuptial, sont entrées par la fenêtre entrebâillée et ont atterri sur le sol de ma chambre. C’est bien la première fois en deux semaines que je vois des êtres vivants qui ne portent pas de masque !

Il faut que je vous dise, j’ai fait un étonnant voyage.

Je reviens d’un endroit calme, très calme. Je crois même qu’on ne peut pas imaginer plus calme, à part peut-être le désert de Gobi, où le vent de sable caresse le front de dinosaures morts il y a bien longtemps.

Parmi les fougères, un troupeau de moutons bleus glisse au plafond… Il ne faut pas chercher à attraper les brebis, pas plus que la bergère, bleue également, m’explique le neurologue, parce qu’elles n’existent pas vraiment.

J’ai dû faire la part du rêve, et réapprendre des tas de choses que je croyais acquises : le contrôle des lèvres et de la mâchoire, la déglutition, la parole. L’équilibre debout et la marche furent de laborieuses et belles victoires. Le retour à une vision non dédoublée est plus difficile, mais c’est en bonne voie. Un grand merci à tous ceux qui, par leur soutien, leur humanité et leur compétence, ont fait en sorte que cette histoire ne fut pas pour moi la dernière.

J’ai eu chaud !

J’ai croisé une autre bestiole : un gros moustique femelle, la trompe encore rougie du sang d’une innocente victime ! Il est venu minauder autour de moi, l’air d’avoir encore faim. J’ai l’ai claqué sèchement. C’était lui ou moi, il sortait du service des Maladies infectieuses et tropicales.

Savoir reconnaître les signes d’un AVC et agir au plus vite :

AVC : que faire ? par l’Assurance Maladie

L’envol des fourmis

Le temps est à l’orage. Pas très loin de la Maison des insectes, une grande troupe de martinets tournoie avec insistance au-dessus de la prairie. Intéressé, je m’approche. J’ai toujours éprouvé une grande joie à être frôlé par ses merveilleux voltigeurs.

Formes ailées de Lasius niger – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

A mes pieds, des fourmis ailées par dizaines sortent d’une fourmilière et grimpent en haut des herbes. Les plus nombreux sont les mâles. Les femelles sont vraiment énormes !

Future reine Lasius niger – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Cette future reine est prête pour le décollage. Si tout va bien, elle sera fécondée en vol par plusieurs mâles. De retour au sol, elle se débarrassera de ses ailes et cherchera une cavité pour fonder une nouvelle colonie.

Lasius niger, envol d’une princesse – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Une ouvrière est venue souhaiter bonne chance à cette princesse au moment de l’envol. Emu, je la suis des yeux pendant qu’elle monte droit vers le ciel. Un martinet gourmand, peu sensible à cette poésie, met brutalement un terme à sa courte carrière de fourmi volante.

Retrouvez le portrait d’une autre fourmi :

Formica cunicularia

Lasius emarginatus, une reine esseulée

Reine de Lasius emarginatus – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

C’est l’histoire d’une fourmi

Février 2020, je casse de vieux champignons et retourne quelques vieilles écorces à la recherche d’insectes cachés. Je fais une bonne moisson d’espèces ce jour-là : Hydrometra stagnorum, une punaise qui ressemble à un phasme, Armadillidium vulgare, le cloporte qui se roule en boule, Vespa velutina, une reine frelon asiatique qui me dévisage avec curiosité…

Cette très grosse fourmi observée le même jour, sous l’écorce décollée d’un érable mort, est longtemps restée dans la pile des espèces indéterminées. Un expert vient de m’éclairer sur son identité : il s’agit d’une reine de l’espèce Lasius emarginatus, reconnaissable à son thorax brun-roux qui tranche avec la tête et l’abdomen plus sombres.

Reine de Lasius emarginatus – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Chez Lasius emarginatus, l’essaimage a lieu en été et les reines fécondées fondent rapidement une petite colonie. Ainsi normalement, la reine passe douillettement l’hiver dans son nid souterrain entourée de ses premières ouvrières. Celle-ci a du perdre sa ponte. Il faudra à la sortie de l’hiver qu’elle trouve à manger pour se refaire des forces si elle veut tenter de fonder une nouvelle colonie.

Cette espèce qui élève les pucerons, aime les vieux murs et les tas de pierre. Au parc du peuple de l’herbe, le sol est par endroits constitué d’anciens tas de gravats, aussi cette fourmi y est bien à son aise !

Retrouvez une autre espèce de fourmi du parc du peuple de l’herbe :

Formica cunicularia

Sources :

La myrmécologie en Ile-de-France, par Lucien Claivaz

Lasius emarginatus, par le site Les Fourmis

Formica cunicularia

Formica cunicularia – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Rencontre au sommet

Sur ces fleurs de panais généreuses en nectar, les hyménoptères sont à la fête. Mon attention se porte sur ce micro-hyménoptère difficilement déterminable et sur cette fourmi d’assez belle taille, sans doute de la sous-famille des Formicinae : 70 espèces seulement en France, ça peut se tenter !

Je montre ma fourmi à un spécialiste qui reconnaît Formica cunicularia à ses joues rousses et à l’absence de pilosité sur son pronotum.

Bien pratiques ces grandes pattes pour passer d’une ombelle à l’autre !

Formica cunicularia – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Formica cunicularia est une espèce commune, elle habite les prairies, les zones cultivées et… les dépôts d’ordures. Cela nous ramène à une époque pas si lointaine de l’histoire du parc du peuple de l’herbe !

Les fourmis du genre Formica n’ont pas d’aiguillon mais elles sont capables de projeter leur venin, de l’acide formique, sur leurs agresseurs.

Source :

Formica cunicularia, par le site Les Fourmis

Vus aussi sur les fleurs de panais :

Emenes coronatus

Ectemnius cephalotes