Je passe le filet un peu au hasard dans les herbes sèches d’un coteau calcaire. Je récupère ainsi Mocydia crocea, une bien jolie cicadelle et cette mouche à la tête ornée.
Le bord externe des ailes ombré me met sur sur la piste de Pherbellia cinerella, de la famille des Sciomyzidae. C’est une espèce typique de ce genre de milieu ouvert bien exposé, elle y chasse les escargots que ses larves parasitent. On peut la voir toute l’année.
Retrouvez une autre Sciomyzidae parasite d’escargots terrestres :
Trypetoptera punctulata, en raison de ses ailes tachées de noir, pourrait passer pour une Tephritidae mais elle appartient en fait à la famille des Sciomyzidae. Ses larves consomment des escargots terrestres.
Cette vue de dessus permet d’apprécier toute la beauté du dessin des ailes.
Contrairement aux autres Sciomyzidae, elle n’affectionne pas spécialement les lieux humides. On rencontre généralement cette espèce commune dans la végétation basse des lisières forestières.
Un gros insecte survole les hautes fougères d’un vol lourd et zigzagant. Je le vois se poser et m’en approche pour l’observer. C’est un mâle Leptura aurulenta, un longicorne dont la larve vit dans les souches des arbres feuillus. Je ploie un peu la fronde pour mettre l’insecte à mi-ombre, parce que cette douce lumière lui va bien.
Les larves de ce diptère Sciomyzidae mangent des escargots terrestres. Nous observons plusieurs de ces Coremacera marginata postés sur des feuilles de roseaux.
Les juvéniles de l’araignée Dolomedes fimbriatus chassent dans les buissons de bouleaux pubescents. Leurs flancs sont ornés d’une large bande claire. Les adultes sont plus grands et encore plus contrastés, ils vivent près de l’eau.
Cette ponte sur une feuille de roseau s’avère être celle de la magnifique réduve Rhynocoris annulatus, une punaise prédatrice que j’ai déjà rencontrée en forêt de Rambouillet.
Argiope bruennichi signe sa toile d’un stabilimentum en zigzag de soie épaisse. Un criquet imprudent saute devant nous, il est lestement emballé dans un cocon de soie.
Retrouvez les portraits des espèces citées dans cet article :
Au bord de la mare où j’avais trouvé Hydromya dorsalis à la sortie de l’hiver, je tente ma chance en passant le filet dans la végétation de la berge. J’ai gagné cette charmante mouchette !
La vue de profil permet d’apprécier la concavité de l’avant de la tête, caractéristique de la famille des Sciomyzidae. Cette fois-ci, c’est l’espèce Limnia unguicornis. Contrairement à Hydromya dorsalis, ses larves ne parasitent pas les mollusques aquatiques, elles s’en prennent aux ambrettes, ces petits escargots allongés que l’on peut observer sur les feuilles des herbes près des étangs et des cours d’eau.
Mi-mars : c’est visiblement la saison des amours pour ces petites mouches ! Ce couple s’est posé sur la feuille d’un roseau émergeant d’une mare. Sous le mâle, la femelle étale ses ailes, ce qui me permet de bien voir leur ornementation très particulière. Cette ligne de points est caractéristique de l’espèce Hydromya dorsalis, un membre de la famille des Sciomyzidae. C’est une première observation pour cette espèce dans la base de données naturalistes d’Ile-de-France.
Les larves d’Hydromya dorsalis parasitent les mollusques aquatiques, comme les planorbes et les limnées.
Les Sciomyzidae ont généralement la face concave et les ailes plus ou moins sombres ou ornées. Il se tiennent souvent la tête en bas quand il sont posés sur la végétation.
Ça, c’est une belle mouche ! Posée sur une feuille de carex, elle ne me permettra pas un portrait plus rapproché, en disparaissant prestement dans la végétation.
Coremacera marginata est un diptère Sciomyzidae. Ses larves consomment des escargots terrestres, tout comme Salticella fasciata que j’ai vue au parc du peuple de l’herbe.
Ces mouches viennent parfois aux pièges lumineux dans les séances d’observations nocturnes. Ci-dessus, voici une espèce proche, franchement méditerranéenne, Euthycera cribata, photographiée au crépuscule dans un jardin à Montpellier.
Postée au sommet d’une coquille d’escargot, cette mouche semble faire le guet. Sa silhouette et son attitude me font penser à une scatophage, déjà trouvée dans les parages, mais certains détails clochent, notamment ces fémurs dodus à l’arrière. Je m’approche à quatre pattes pour ne pas l’effrayer.
De près, la bête est fort jolie. J’ai un peu de mal à cerner sa famille. Finalement, je la trouve chez les Sciomyzidae, ces mouches tueuses de gastéropodes. Il s’agit de Salticella fasciata dont les larves ne se nourrissent pas d’escargots aquatiques comme Sepedon sphegea et la plupart des autres espèces de cette famille. Celle-là est spécialisée dans les escargots terrestres.
C’est une première observation pour Cettia Ile-de-France. Plutôt méditerranéenne, cette mouche est également présente sur le littoral atlantique. Décidément, il y a un microclimat au parc du peuple de l’herbe !
La mare de l’Hautil existe depuis le 16ème siècle au moins. Elle a longtemps servi de halte pour abreuver les vaches et les moutons du Vexin se rendant au marché aux bestiaux de Poissy. Elle est de forme circulaire et son fond est pavé. En 1992, la ville de Triel-sur-Seine a décidé d’en confier la gestion à l’association de pêche « Le Poisson d’Avril » et le site est ouvert au public pour la promenade.
Au bord du ponton de pêche, je rencontre ce diptère posé sur une tige d’ortie.
Cette mouche n’attend pas le passage des vaches et des moutons, elle ne s’intéresse qu’aux escargots aquatiques (limnées, planorbes et physes) que ses larves parasitent.
Je reconnais Elgiva cucularia à ses pattes rousses et à son thorax gris clair dont le côté est orné d’une tache noire. Comme les autres espèces de sa famille, les Sciomyzidae, elle se tient tête en bas et possède de très belles antennes.
L’Inventaire National du Patrimoine Naturel indique que 12 espèces de cette famille peuvent être rencontrées en Ile-de-France. Voici la treizième !
La tête en bas, en appui sur les pattes antérieures : c’est bien là une posture de Sciomyzidae. Sa face concave qui lui fait un « museau de chien » m’oriente ausi vers cette famille. Son allure racée me plaît beaucoup.
Il s’agit de Sepedon sphegea. Cette espèce est malacophage, spécialisée dans les mollusques aquatiques (limnées, physes et planorbes). Chacune de ses larves peut consommer jusqu’à 40 mollusques avant d’arriver à l’âge adulte. Le cycle complet de développement de cette espèce, de la ponte à l’adulte dure 2 à 3 semaines à la belle saison.
Les Sciomyzidae comptent en France environ 80 espèces, on les rencontre surtout dans les milieux humides. Certaines d’entre elles parasitent les mollusques terrestres.