Phyllonorycter schreberella

Phyllonorycter schreberella – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Je longe le bras des Morteaux dans l’idée de récolter un petit panier de fleurs de robinier que je compte cuisiner en beignets. Las, c’est bien trop tôt, les grappes sont à peine formées !

De ci de là, je photographie quelques bestioles. Ce petit papillon (4 mm) est tombé d’un rameau d’érable négundo. Avec cette robe en lamé d’or rose et d’argent et cette audacieuse toque noire sur la tête, je lui trouve un chic fou. Suivant mon intuition, je cherche ce papillon de nuit dans la famille des Gracillariidae. Une espèce lui correspond tout à fait : Phyllonorycter schreberella, sa chenille mine les feuilles des ormes. Mon érable négundo est entouré d’ormes, il vient de ces arbres assurément. Le bout des antennes blanc n’est pas un artefact, c’est une caractéristique de cette espèce.

Ce papillon vole en avril et en mai, et pour la génération estivale en août et en septembre.

Cette observation de Phyllonorycter schreberella est une première pour la base de données naturalistes régionale. Je ne reviens pas bredouille de ma sortie !

Retrouvez un autre Phyllonorycter :

Phyllonorycter issikii

Source :

Phyllonorycter schreberella, par Lepiforum

Rabdophaga rosaria

Au bord de la Seine -Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Je ne connaissais pas le chemin de halage à Triel-sur-Seine. J’ai testé, c’est pittoresque. On longe une immense carrière. Le site est protégé par un portail solidement cadenassé. Mais il manque deux barreaux… Et surtout il n’y a pas de clôture !

Galle de Rabdophaga rosaria – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Sur la berge du bras des Morteaux, je trouve au sommet d’une branche d’osier ce joli bouquet de feuilles sèches en forme de rose épanouie. C’est la galle de Rabdophaga rosaria, un diptère Cecidomyiidae qui transforme à son bénéfice un bourgeon terminal de saule. Sa larve consomme l’intérieur de la galle et y passe l’hiver bien à l’abri.

Retrouvez une autre galle de Cecidomyiidae :

La galle des fruits de la carotte

Source :

Rhabdophaga rosaria, par Plant Parasites of Europe

Paederus

Paederus cf littoralis – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Les élytres ne cachent que les premiers segments de l’abdomen de ce coléoptère : c’est un staphylin. La famille des Staphylinidae compte en France au moins 2000 espèces, cela fait beaucoup de chances de se tromper lorsqu’on tente une détermination ! Mais celui-ci avec ses couleurs vives me facilite la tache et j’arrive jusqu’au genre Paederus. Deux espèces communes me paraissent possibles : Paederus riparius et Paederus littoralis. Celui-ci pourrait être Paederus littoralis en raison de son thorax court et arrondi.

Paederus cf riparius – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Et cet autre, observé au bord de la Seine, avec son thorax plus allongé, pourrait être Paederus riparius. Mais il me faudrait voir la couleur des mandibules…

Les adultes comme les larves des Paederus se nourrissent de petites proies qu’ils chassent dans la végétation.

Plusieurs espèces de Paederus tropicaux sont très toxiques et provoquent de graves inflammations de la peau en cas de contact. Dans le doute, je m’abstiens de manipuler les Paederus indigènes.

Retrouvez un autre staphylin :

Tachynus subterraneus

Phylus melanocephalus

Phylus melanocephalus – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Une punaise allongée, jaune avec la tête noire ? C’est Phylus melanocephalus ! Cette Miridae se nourrit sur les feuilles des chênes et des hêtres. Celle-ci était sur un jeune chêne au bord du chemin de halage. On peut voir cette belle espèce de mai à juillet.

Retrouvez une autre Miridae du chêne :

Dryophilocoris flavoquadrimaculatus

Archarius crux

Archarius crux – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

J’obtiens ce tout petit charançon (3mm) en secouant une branche de saule blanc au bord de la Seine. A l’œil nu, il ne me semble pas uniformément noir. Cette photo prise à 1cm montre que ses élytres sont marqués d’une incroyable flèche blanche !

Archarius crux, au bout d’une feuille de saule – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Je lui propose une feuille de saule pour obtenir une vue de profil. Mais c’est bien la vue de dessus qui me permettra de mettre un nom sur ce drôle de paroissien. Il s’agit d’Archarius crux que l’on ne rencontre que sur les saules. Sa biologie est très particulière : la femelle pond dans les galles foliaires créées par la ponte de tenthrèdes du genre Euura. La larve du charançon consomme celle de la tenthrède et l’intérieur de la galle.

Galle sur saule blanc de Euura proxima – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Voici une de ces galles susceptibles d’être parasitées par Archarius crux. Je l’ai ouverte pour montrer la larve de la tenthrède Euura proxima.

Retrouvez un autre très petit Curculionidae :

Le coupe-bouton

Source :

Archarius crux, par Plants Parasites of Europe

Le souci des champs

Calendula arvensis – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

L’accès au chemin de halage à Triel-sur-Seine est protégé par une robuste barrière, elle-même sécurisée par deux énormes blocs de béton. Et pour en empêcher le contournement, les services techniques de la ville ont dressé à côté de cette fortification un gros tumulus de terre graveleuse, de ce matériau qui constitue le sous-sol des terrasses alluviales de la Seine. Ce sol pauvre et bien drainé convient à merveille à cette fleurette sauvage dont les graines sont sans doute arrivées avec la terre.

Autrefois adventice très commune des vignes et des champs, Calendula arvensis a pratiquement disparu des paysages agricoles franciliens, au point d’être maintenant classée « quasi menacée » dans la liste rouge de la flore vasculaire d’Ile-de-France.

Calendula arvensis – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

J’avais déjà trouvé une station de souci des champs dans un jardin potager à Poissy. Je ne suis pas mécontent de retrouver cette charmante rareté. Je froisse un bout de feuille, l’odeur me rappelle je ne sais quelle pommade au calendula déjà croisée dans les armoires à pharmacie familiales. Cette fleur toute simple était autrefois une plante médicinale très appréciée.

Retrouvez une autre Asteraceae :

Doronicum plantagineum

Une autre adventice des champs :

Kickxia spuria, la fausse velvotte

Source :

Calendula arvensis, fiche descriptive par la CPNBP

Saxifraga tridactylites, le saxifrage à trois doigts

Saxifraga tridactylites – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Le saxifrage à trois doigts se contente vraiment de très peu : ces pieds ont poussé dans le trou destiné à la manœuvre d’ouverture de ce regard à l’aide d’un lève-tampon. A peine quelques centimètres cubes d’humus, un peu de pluie et les voilà déjà en fleurs !

Saxifraga tridactylites – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

La fleur de symétrie radiale possède cinq sépales, cinq pétales et 10 étamines. Les pétales sont entiers et non divisés comme ceux de la drave printanière qui fleurit en même temps.

Saxifraga tridactylites – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Montre la papatte !

Je ne vous fais pas l’injure de vous expliquer pourquoi cette plante est nommée saxifrage « à trois doigts » ! Sur le bord des feuilles on aperçoit des poils glanduleux qui rendent la plante légèrement visqueuse.

Saxifraga tridactylites est très commune dans les fissures des rochers calcaires et toutes sortes de sols très secs, notamment en ville.

Source :

Saxifrage à trois doigts, la mineuse, par Sauvages du Poitou

Elgiva cucularia

Mare de l’Hautil à Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

La mare de l’Hautil existe depuis le 16ème siècle au moins. Elle a longtemps servi de halte pour abreuver les vaches et les moutons du Vexin se rendant au marché aux bestiaux de Poissy. Elle est de forme circulaire et son fond est pavé. En 1992, la ville de Triel-sur-Seine a décidé d’en confier la gestion à l’association de pêche « Le Poisson d’Avril » et le site est ouvert au public pour la promenade.

Au bord du ponton de pêche, je rencontre ce diptère posé sur une tige d’ortie.

Elgiva cucularia
Elgiva cucularia – mare de l’Hautil à Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Cette mouche n’attend pas le passage des vaches et des moutons, elle ne s’intéresse qu’aux escargots aquatiques (limnées, planorbes et physes) que ses larves parasitent.

Elgiva cucularia – mare de l’Hautil à Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Je reconnais Elgiva cucularia à ses pattes rousses et à son thorax gris clair dont le côté est orné d’une tache noire. Comme les autres espèces de sa famille, les Sciomyzidae, elle se tient tête en bas et possède de très belles antennes.

L’Inventaire National du Patrimoine Naturel indique que 12 espèces de cette famille peuvent être rencontrées en Ile-de-France. Voici la treizième !

Retrouvez une autre Sciomyzidae des Yvelines :

Sepedon sphegea

Sources :

La mare de l’Hautil, par l’association Triel, Mémoire & Histoire

Les plantes rares de la mare de l’Hautil, par Nature en ville à Cergy-Pontoise