Dryinidae, parasites de cicadelles

Jassargus sp. parasité – Crespières © Gilles Carcassès

La photo mystère en a intrigué plus d’un(e). Ne dirait-on pas une sorte de tique fixée sur le corps de cette cicadelle ? Non, c’est une larve d’hyménoptère Dryinidae qui est responsable de cette excroissance !

La femelle adulte a capturé et paralysé temporairement la cicadelle puis elle a inséré un œuf dans son corps. La petite larve, qui se nourrit de l’hémolymphe de son hôte, provoque en grandissant cette hernie formée par les exuvies des stades larvaires précédents, sa tête restant fixée à l’intérieur du corps de la cicadelle. Lorsqu’elle sera proche de la nymphose, elle finira par se détacher et tissera un cocon de soie sur la végétation ou dans le sol.

Les larves de Dryinidae peuvent aussi être parasitées par d’autres hyménoptères, notamment des Encyrtidae. On parle alors d’hyperparasitisme.

Le représentant le plus connu de la famille des Dryinidae est l’américain Neodryinus typhlocybae, introduit volontairement en 1996 pour contrôler la cicadelle pruineuse, invasive en Europe. Il s’est depuis naturalisé et la nuisance de Metcalfa pruinosa dans les vignes et les vergers méditerranéens est maintenant bien moindre.

Zygina eburnea parasité – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Sous une feuille de saule, je rencontre cette cicadelle Typhlocybinae très bizarre. Elle a tout d’une femelle Zygina eburnea, sauf les chaussettes noires aux pattes postérieures qui sont la marque des mâles. En revanche elle ne présente pas les lignes rouges sur les élytres qui en feraient un mâle classique.

On aperçoit par transparence une grosse boule noire sur son flanc, elle aussi est parasitée par un Dryinidae ! Cette cicadelle est en fait un mâle atypique de Zygina eburnea, probablement féminisé par l’effet chimique de la présence du parasite.

Retrouvez un autre hyménoptère parasite :

Microterys

Source :

A review of the biology of the pincer wasps (Hymenoptera Dryinidae) – Eduardi G. Virla, Gustavo Moya-Raygoza, Adalgisa Guglielmino

Zygina eburnea, le couple

Couple de Zygina eburnea – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

Dans un roncier au bord de l’étang du Corra

Ce serait déjà la saison des amours pour les cicadelles ? En tous cas, ce mâle Zygina eburnea a trouvé une partenaire.

Couple de Zygina eburnea – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

Les deux sexes sont vraiment différents chez cette espèce. La femelle n’a pas la longue marque rouge du mâle, ni les « chaussettes noires » au bout des pattes postérieures. Elle ressemble beaucoup à une autre espèce pâle, Zygina nivea. Pour les différencier, il faut observer la face ventrale du thorax, elle est noire chez Zygina nivea, blanche chez Zygina eburnea femelle.

Retrouvez d’autres Zygina :

Trois Zygina

Zygina eburnea

L’autoroute A14 traverse la forêt de Saint-Germain sous terre. De loin en loin, dans des clairières, les issues de secours pour les piétons aboutissent à des émergences en tôle d’une esthétique discutable. Sur l’une d’elles, mon épouse repère ce minuscule insecte. Je le capture pour mieux le photographier.

Zygina eburnea – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

Cet élégant homoptère est une cicadelle (famille des Cicadellidae) car les tarses de ses pattes postérieures présentent une rangée d’épines. Sa silhouette élancée et sa petite taille (3mm) m’orientent vers la sous-famille des Typhlocybinae. Les motifs rouges évoquent le genre Zygina. Si je n’ai pas fait d’erreur jusque là, il me reste 13 espèces françaises, mais elles sont très peu illustrées et bien mal connues.

Zygina eburnea – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

Elle tente de s’envoler. C’est l’occasion de détailler la nervation des ailes et les motifs des segments de l’abdomen.

J’ai envoyé cet individu mâle à un chercheur italien, il a examiné les genitalia et a confirmé l’espèce Zygina eburnea. Il a conservé cet exemplaire qui fera l’objet d’une publication scientifique. Elle illustrera les caractéristiques morphologiques de cette espèce rare de façon bien plus précise et plus complète que ce qui a été publié jusqu’à présent.

Chez les Zygina, de nombreuses espèces passent l’hiver à l’état adulte, en s’abritant dans le feuillage de persistants (conifères, lierre, ajoncs, houx, ronces). Leur détermination est délicate car leur morphologie peut varier selon les individus et aussi selon les saisons.

Les Zygina aspirent le contenu de cellules des feuilles de leur plante hôte laissant de petites taches claires dans le limbe après leur passage.

Trois observations seulement de Zygina eburnea sont localisées dans GBIF, uniquement en France : deux dans le Bordelais et une dans l’Yonne.

Zygina eburnea – Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

J’ai revu cette espèce au Parc du peuple de l’herbe en secouant quelques feuilles de ronces le long du chemin de halage. L’espèce serait inféodée aux saules.

Retrouvez une autre petite cicadelle :

Eupteryx decemnotata

Sources :

Zygina eburnea, par GBIF

Homoptères Auchénorhynques par H. Ribaut