Araschnia levana, la carte géographique

Chrysalide sur une ortie dioïque – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Au bord d’un chemin ombragé, les touffes d’orties sont passablement grignotées. En retournant quelques feuilles, je finis par débusquer un présumé coupable : cette chrysalide de papillon, aux reflets argentés, attachée à la plante par le derrière. Je la prélève délicatement pour en tenter l’élevage afin de déterminer l’espèce avec certitude.

Chenille de Polygonia c-album – Vouillé (79) © Gilles Carcassès

Sur la même plante, je trouve un autre indice très sérieux, cette minuscule chenille est celle du Robert-le-diable (Polygonia c-album) au stade L2.

Je coince la feuille dans le système de fermeture d’un récipient transparent, afin que la chrysalide reste suspendue, après avoir bien entendu percé le couvercle pour assurer une bonne aération de la boîte. Il ne reste plus qu’à attendre et surveiller tous les jours…

Araschnia levana – Vouillé (79) © Aurélie Carcassès

Une semaine passe, surprise ! Un magnifique papillon est sorti de la chrysalide, et ce n’est pas du tout un Robert-le-diable, mais une Carte géographique (Araschnia levana), un Nympalidae inféodé aux orties.

Araschnia levana – Vouillé (79) © Aurélie Carcassès

Ce superbe papillon a fini de se remettre de ses émotions sur une tige de menthe. Les orties ne sont pas loin. Ce sont ces dessins blancs en réseau au revers de son aile postérieure qui lui valent son surnom de carte géographique.

Ici, c’est la génération d’été, sombre avec de larges bandes blanches.

Source :

Araschnia levana, par André Lequet

Polygonia c-album, le Robert-le-diable

Polygonia c-album – sur un tronc de frêne à Villepreux © Gilles Carcassès

De tous nos papillons de jour, le Robert-le-diable est celui qui a les ailes les plus découpées. L’observant de près, on ne peut qu’être saisi par ses courbes audacieuses et la vigueur de ses teintes de feu !

Polygonia c-album © Gilles Carcassès

Avec cette vue, vous aurez deviné pourquoi l’espèce est nommée Polygonia c-album (c blanc en latin). Ses ailes semblent avoir été découpées à la diable, et c’est peut-être là l’origine de son surnom de Robert-le-diable. Personnellement, je vois aussi dans ces découpures un visage grimaçant. Ce Robert-le-diable est un brigand repenti, personnage d’une légende du XIIIe siècle et héro d’un roman populaire du XVIIe au XIXe siècle.

Chenille de Polygonia c-album © Gilles Carcassès

Sa chenille, avec ses picots blancs, est singulière aussi. Elle consomme ici une feuille d’ortie, mais celles des noisetiers, des ormes, des groseilliers, du houblon, des framboisiers lui conviennent aussi.

Polygonia c-album – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Une deuxième génération vole en été. Inutile d’aller patauger dans la roselière pour identifier Robert-le-Diable. Un coup de zoom suffit car sa silhouette est reconnaissable même de loin.

Retrouvez un autre insecte habitué des orties :

La punaise de l’ortie

Sources :

Zoonymie du papillon Robert-le-diable, par Jean-Yves Cordier, avec en annexe le résumé du Roman de Robert-le-diable

C-BLANC ! GAMMA ! ROBERT-le-DIABLE ! (Polygonia C-album), par André Lequet