Phygadeuontinae

Chrysalide de Pieris cf napi – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

J’ai trouvé cette chrysalide fixée à un poteau près de l’étang du Corra. Dans l’idée de vous faire un reportage sur l’émergence du papillon, je l’ai placé en élevage dans ma véranda. J’espérais un beau spécimen de piéride du navet, mais un impondérable s’est produit.

Chrysalide percée © Gilles Carcassès

Des hôtes imprévus sont sortis par ce petit trou bien rond : 7 mâles et une femelle ! Ma chrysalide était parasitée.

Phygadeuontinae femelle © Gilles Carcassès

Ci-dessus la femelle, dotée d’un ovipositeur.

Phygadeuontinae mâle © Gilles Carcassès

Les mâles sont beaucoup plus sombres et plus petits.

Phygadeuontinae mâle – nervation alaire © Gilles Carcassès

Chez les Ichneumonidae, la nervation alaire est l’un des critères importants pour reconnaître les espèces. Mais l’exercice est ardu, cette famille comptant 2768 membres en France ! Je pense pouvoir cependant cerner la sous-famille, celle des Phygadeuontinae, dont font partie les Gelis. L’expert à qui j’ai envoyé mes petits hyménoptères me dit qu’aucune des espèces connues pour parasiter la piéride du navet ne leur ressemble.

Edit : l’expert a parlé ! Il s’agit de l’espèce Gelis vicinus.

Retrouvez un autre Ichneumonidae :

Ichneumon xantorius

Source :

Bref aperçu de la systématique des Ichneumonidae, par Thierry Robert

Gelis cf areator

Gelis cf areator – Vouilé (79) © Gilles Carcassès

Ce petit hyménoptère (4mm) aux ailes barrées qui gambadait sur une branche de noyer pourrait bien être Gelis areator, l’un des Ichneumonidae les plus communs et les plus polyphages aussi. Cette femelle reconnaissable à son ovipositeur pond dans des chrysalides de lépidoptères, des nymphes de chrysopes ou des cocons d’hyménoptères. L’espèce se comporte alors comme un parasitoïde.

Gelis areator est également un hyperparasite d’autres hyménoptères parasitoïdes, notamment Braconidae et Dryinidae. C’est l’un des parasites avérés de Neodryinus typhlocybae, hyménoptère Dryinidae américain introduit dans le cadre de la lutte biologique contre la cicadelle pruineuse, un Flatidae invasif.

Source :

Environmental risk assessment for Neodryinus typhlocybae, biological
control agent against Metcalfa pruinosa, for Austria
Gudrun Strauss

Ichneumon xanthorius

Ichneumon xanthorius femelle – Chambourcy © Gilles Carcassès

Ce bel ichneumon accompagne ma promenade le long de la route Dauphine en forêt de Marly. Il se pose quelques instants sur une ombelle de berce et finit par prendre la pose sur une feuille de ronce.

Je prends un cliché à tout hasard, peu confiant quant à la réussite d’une détermination dans une famille riche de plus de 2700 espèces en France ! Mais celui-ci fait partie des très rares cas identifiables sur photo. Il s’agit d’une femelle Ichneumon xanthorius, un parasite des chenilles assez commun en Ile-de-France. Le mâle est différent, avec notamment des antennes entièrement noires et l’extrémité de l’abdomen sans taches jaunes.

Retrouvez un autre Ichneunomidae aux antennes tricolores :

Lymantrichneumon disparis

Gelis melanocephalus

Gelis melanocephalus – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Cette bestiole est drôlement forte : ceinture noire troisième tergite !

Plus sérieusement, son habitus très particulier serait caractéristique de l’espèce Gelis melanocephalus. Ici c’est une femelle car elle est dotée d’un ovipositeur, en outre le mâle est ailé. Cette espèce parasite des cocons de pontes d’araignées et vit dans les milieux humides. Je l’ai trouvée dans une touffe de ronce perdue dans les roseaux et les salicaires qui bordent la Seine.

Elle a l’allure et la taille d’une fourmi. Cette ressemblance lui est-elle utile ? On ne sait pas.

Nous sommes ici chez les hyménoptères Ichneumonidae, et même dans la sous-famille des Cryptinae qui compte 516 espèces en France.

Retrouvez une espèce d’araignée que parasite cet hyménoptère :

L’épeire des roseaux

Sources :

Revision der westpaläarktischen Arten der
Gattungen Gelis THUNBERG mit apteren Weibchen und
Thaumatogelis SCHWARZ (Hymenoptera, Ichneumonidae). Teil 3 – M SCHWARZ

Contribution à la connaissance de l’entomofaune d’un village famennien
I.Cryptinae (Hymenoptera: Ichneumonidae).
Pierre-Nicolas Libert

Gelis, une fausse fourmi

Gelis sp. – Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Lucien Claivaz

Si j’en crois ce qui est indiqué dans ce sujet du forum d’insecte.org, cette fausse fourmi capturée en battant des herbes de la prairie serait un Gelis, hyménoptère aptère de la famille des Ichneumonidae. A partir de là, les choses se compliquent car l’INPN recense 66 espèces de Gelis en France. J’ai bien trouvé une clé de détermination en allemand mais elle est beaucoup trop technique pour moi, et la bestiole est tellement petite…

Un hyperparasite ?

Cela pourrait être Gelis agilis, connu pour parasiter les nymphes de Dinocampus coccinellae, un hyménoptère Braconidae dont les larves parasitent les coccinelles ! J’ai d’ailleurs observé il y a quelques semaines une femelle Dinocampus coccinellae en action pas très loin de là.

Retrouvez d’autres fausses fourmis :

Himacerus mirmicoides (une punaise)

Leptorchestes berolinensis (une araignée)

Une araignée parasitée

Dictynidae -Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Une petite araignée a tissé sa toile sur le dessus d’une feuille de charme. Sa silhouette me rappelle Nigma walckenaeri, une Dictynidae que j’avais trouvée à deux pas de là en hivernage sous une écorce. Voyons cela de plus près.

Nigma sp. -Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Lucien Claivaz

C’est bien une Nigma, mais d’une autre espèce, possiblement Nigma puella, qui présente cette marque rouge foncé sur l’abdomen.

Je découvre avec surprise qu’il y a un intrus sur la photo !

Une petite larve blanche est visible au-dessus de sa hanche arrière droite. Notre araignée est parasitée !

Un hyménoptère Ichneumonidae de la sous-famille des Pimpliinae a pondu sur son flanc après l’avoir momentanément paralysée. La larve qui est née de cet œuf va grandir pendant quelques semaines aux dépens de l’araignée et finira par la tuer. Puis elle construira son cocon sur la toile et se nymphosera.

Araneus angulatus parasitée – Rambouillet © Gilles Carcassès

Le hasard me fait croiser cette autre araignée parasitée en forêt de Rambouillet. C’est une femelle de l’espèce Araneus angulatus.

Il n’est pas impossible que ces parasites pondent préférentiellement sur des araignées femelles, généralement plus corpulentes que les mâles.

Retrouvez d’autres histoires de parasites :

Dinocampus coccinellae , un parasite de coccinelles

Les triongulins, parasites d’abeilles solitaires

Source :

La guêpe dont la larve s’accroche aux araignées a éclos ! par MyrmecoFourmis

Lymantrichneumon disparis

Etang d’Abbecourt – Orgeval © Gilles Carcassès

La digue de l’étang d’Abbecourt donnait des signes de faiblesses. Le conseil général, propriétaire des lieux, a décidé la vidange de l’étang et le rétablissement du cours historique du ru de Russe. On y a perdu un plan d’eau et gagné un superbe marais ! En cette fin d’hiver, les massettes larguent leurs graines plumeuses au moindre souffle de vent, et c’est très beau.

Lymantrichneumon disparis – Orgeval © Gilles Carcassès

Dans ce fond de vallon, un gros frêne s’est effondré. Sous l’écorce décollée de son tronc, je découvre ces deux jolis hyménoptères de la famille des Ichneumonidae. Le plus petit des deux a les genoux des pattes postérieures teintés de noir. Naïvement, je pense au dimorphisme sexuel d’un couple de la même espèce. Mais dans cette famille, seules les femelles fécondées passent l’hiver. Ce sont donc deux femelles !

Lymantrichneumon disparis – Orgeval © Gilles Carcassès

La bête est toute rousse, à quelques détails près : le bout de l’abdomen noir, le tour des yeux blanc et les antennes tricolores. Seul Lymantrichneumon disparis correspond à ce look si particulier. Profitons-en, c’est exceptionnel de pouvoir distinguer une espèce sur photo dans cette immense famille !

L’autre femelle est de la même espèce. La taille plus petite et les genoux noirs relèvent simplement de la variabilité intraspécifique.

Lymantrichneumon disparis est un ichneumon connu pour parasiter les chenilles de Lymantria dispar, le bombyx disparate, qui mangent des feuilles de chênes. Le naturaliste qui a nommé ce taxon ne s’est pas trop foulé !

Retrouvez un autre Ichneumonidae :

Ophion obscuratus

Source :

Contribution à la connaissance des Ichneumonidae hivernants (Hymenoptera) de la forêt de Grésigne, par William PÉNIGOT (2020)

Un ophion automnal

Ophion obscuratus – Poissy © Gilles Carcassès

Quel est donc cet ichneumon rouge et blanc qui vient le soir à la lumière du balcon ?

Ophion obscuratus – Poissy © Gilles Carcassès

La nervation alaire très particulière, avec ces nervures curieusement interrompues correspond bien au genre Ophion.

Ophion obscuratus – Poissy © Gilles Carcassès

Pour arriver à l’espèce, on peut compter les flagellomères. Ce sont les articles du flagelle qui prolonge les deux premiers articles de l’antenne, le scape et le pédicelle. Sans loucher, j’arrive à 66. Entre 62 et 66, il s’agit d’Ophion obscuratus. Si quelqu’un veut recompter, il est le bienvenu ! Apparemment Ophion obscuratus est le seul Ophion au thorax rouge et blanc que l’ont peut voir entre fin octobre et fin décembre.

Ses grands yeux et les trois imposants ocelles sur le dessus de sa tête sont sans doute en lien avec ses mœurs nocturnes. Cette espèce, assez commune, parasite des chenilles de noctuelles qu’elle paralyse avec son dard. Il ne faut pas trop manipuler cet insecte, il peut piquer pour se défendre.

Source :

Une clé des Ophion dans cette publication : JOHANSSON N. & CEDERBERG B. 2019. — Review of the Swedish species of Ophion (Hymenoptera: Ichneumonidae: Ophioninae), with the description of 18 new species and an illustrated key to Swedish species. European Journal of Taxonomy 2019 (550): 1-136.