Quelques observations aux mares de Vilpert

Thymalus limbatus – Saint-Léger-en-Yvelines © Gilles Carcassès

Une sortie entomologie de l’Association des Naturalistes des Yvelines à la Croix de Vilpert me permet de découvrir ce secteur de la forêt de Rambouillet. En chemin vers les mares de Vilpert, je repère un polypore sur un tronc de bouleau mort. Nous y trouvons Diaperis boleti, un coléoptère mycophage et cette fausse casside, Thymalus limbatus, de la famille des Trogossitidae.

Monostegia abdominalis – Saint-Léger-en-Yvelines © Gilles Carcassès

Au bord de l’eau, cette fausse chenille acrobate est attablée sur une lysimaque. Il s’agit de Monostegia abdominalis, une tenthrède oligophage sur les Primulaceae.

Dioxyna bidentis – Saint-Léger-en-Yvelines © Gilles Carcassès

Ces Dioxyna bidentis, diptères Tephritidae, sont omniprésents sur la végétation des berges, tout comme leurs plantes hôtes, les pénibles bidents aux akènes en harpon qui s’accrochent sur nos vêtements.

Arctosa leopardus – Saint-Léger-en-Yvelines © Gilles Carcassès

Cachée sous une pierre, voici Arctosa leopardus, à l’abdomen moucheté de gris, une araignée Lycosidae typique des zones humides.

Acronicta rumicis – Saint-Léger-en-Yvelines © Gilles Carcassès

En lisière, sous les chênes, les succises des prés sont en fleur. Cette chenille de la noctuelle de la patience, commune et polyphage, en fait un festin.

Retrouvez les portraits des espèces citées dans cet article :

Thymalus limbatus

Monostegia abdominalis

Dioxyna bidentis

Arctosa leopardus

Acronicta rumicis

Myopites apicatus

Pulicaria dysenterica – Poissy © Gilles Carcassès

Il y a quelques années, j’ai rapporté des abords du ru de Poncy un drageon d’une jolie Asteraceae à fleurs jaunes, la pulicaire dysentérique. La plante a beaucoup d’avantages : elle fleurit abondamment en été, ses fleurs attirent toutes sortes d’insectes, elle forme un massif compact et les poules n’y touchent pas. Mais elle a l’inconvénient de s’étendre beaucoup par ses stolons souterrains. Je l’ai extirpée du potager où elle avait pris ses aises et j’ai gardé une belle touffe près du poulailler. Tous les matins, en allant ramasser les œufs, je scrute ses visiteurs ailés.

Myopites apicatus – Poissy © Gilles Carcassès

Ce couple de diptères aux ailes ornées me paraît très intéressant. J’en détermine l’espèce en cherchant chez les Tephritidae. Il s’agit de Myopites apicatus, une espèce justement inféodée à Pulicaria dysenterica !

Myopites apicatus – Poissy © Gilles Carcassès

Myopites apicatus se nourrit du nectar des fleurs en tube de la pulicaire. Elle est dotée pour cela d’une longue trompe pliable qui lui donne le profil de tête étonnant que l’on voit sur cette photo. Les œufs sont pondus dans les capitules.

Cette espèce est peu observée. Il faut dire qu’elle est discrète, je ne l’ai vu que l’espace d’un matin sur mes pulicaires. Apparemment, il faut de la chance pour tomber dessus.

Retrouvez une autre Tephritidae :

Dioxina bidentis

Urophora stylata

Urophora stylata femelle – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Une mouche assez fine inspecte avec insistance le sommet d’une tanaisie dont les fleurs sont en bouton. Visiblement très occupée, elle me laisse approcher. Aux dessins sur ses ailes, je reconnais Urophora stylata de la famille des Tephritidae. Ici son long ovipositeur noir nous renseigne sur son sexe, c’est une femelle.

Urophora stylata – Eragmy-sur-Oise (95) © Gilles Carcassès

Voici une autre femelle de cette espèce en train de pondre dans un capitule de Cirsium vulgare, le cirse commun. Je n’ai d’ailleurs jamais vu Urophora stylata ailleurs que sur cette plante. La littérature scientifique indique qu’elle peut se reproduire occasionnellement sur d’autres Asteraceae. Cependant la tanaisie ne figure pas dans la liste des plantes hôtes connues pour ce Tephritidae.

Urophora stylata – Beautheil-Saints (77) © Gilles Carcassès

Le mâle, bien sûr, est dépourvu d’ovipositeur.

Retrouvez une autre Tephritidae des chardons :

Tephritis hyoscyami

Source :

Urophora stylata, par Plant Parasites of Europe

Euleia heraclei, la mouche du céleri

Euleia heraclei femelle – parc du peuple de l’herbe © Gilles Carcassès

Les cardères sont connues pour retenir l’eau de pluie à la base de leurs longues feuilles engainantes. J’aime bien les inspecter après une ondée pour voir si quelque bestiole ne s’y serait pas noyée. Je suis tenté de m’attarder sur les nombreuses cardères qui borde le chemin, mais mes compagnons de sortie sont déjà repartis. Je me contente d’un coup d’œil rapide sur le premier pied.

Coup gagnant, je trouve une jolie mouche de la famille des Tephritidae, ces diptères aux ailes ornées ! Avec ce dessin caractéristique sur les ailes et le dessus du thorax sombre contrastant avec le côté clair, c’est Euleia heraclei, la mouche du céleri, bien connue des maraîchers. Ses larves minent les feuilles des céleris et aussi celles d’autres Apiaceae comme les berces et les angéliques.

Retrouvez d’autres Tephritidae :

La mouche de l’asperge

La mouche des fruits de la bryone

Source :

Euleia heraclei, par ephytia

Tephritis formosa, petite mouche des laiterons

Tephritis formosa – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Voici une mouche Tephritidae facile à reconnaître : chacune de ses ailes présentent un grand motif noir en forme de M. Les frontières de la zone noire sont droites et bien délimitées vers l’avant de l’aile et vers l’arrière.

Couple de Tephritis formosa – Vauréal (95) © Gilles Carcassès

Ce dessin caractéristique est plus visible chez cette femelle qui tient ses ailes écartées.

Tephritis formosa est une espèce inféodée aux laiterons (genre Sonchus). Les couples se forment sur cette plante et la femelle pond dans les capitules. En regardant attentivement en été ces plantes communes dans les jardins, on repère assez facilement cette gracieuse petite mouche.

Retrouvez d’autres Tephritis :

Tephritis hyoscyami

Tephritis bardanae

Terellia tussilaginis

Terellia tussilaginis – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Tous les garnements connaissent la bardane, cette grosse astéracée bisannuelle dont les capitules font d’excellents projectiles qui s’agrippent fort sur les pulls des victimes, grâce à leurs épines crochues. Ces deux mouches blondes arpentent le sommet fleuri d’une petite bardane. Ce sont des mâles de Terellia tussilaginis attendant l’arrivée d’une femelle.

Terellia tussilaginis – espace naturel du bord de l’Oise à Maurecourt © Gilles Carcassès

Ci-dessus, c’est une femelle de cette espèce qui nous montre son impressionnant ovipositeur (organe de ponte). Elle se restaure ici du nectar d’une fleur de berce. Ce diptère pond dans les capitules des bardanes et des cirses. Comme beaucoup de Tephritidae, ses yeux ont de beaux reflets verts.

couple de Terellia tussilaginis – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Ce couple s’est formé sur une jeune repousse de peuplier. Mais les bardanes ne sont pas loin.

Retrouvez une autre Tephritidae de la bardane :

Tephritis bardanae

Pour le concours des plus beaux yeux verts :

Dryudella tricolor

Une autre Terellia :

Terellia serratulae

Plioreocepta poeciloptera, la mouche de l’asperge

Plioreocepta poeciloptera, dans mon jardin de Poissy © Gilles Carcassès

Il y en a du monde, sur ce turion d’asperge ! C’est un rassemblement de mouches Tephritidae, fort belles, ma foi. Celle du haut a sorti son ovipositeur et s’apprête à pondre, on dirait. Je fais appel à ma mémoire : école d’horticulture, cours de phytopathologie, la mouche de l’asperge…

C’est bien elle ! Et la pauvre bête est affublée d’un nom scientifique imprononçable.

Plioreocepta poeciloptera – Poissy © Gilles Carcassès

Ces ailes sont joliment peintes !

Les larves de Plioreocepta poeciloptera creusent des galerie dans le turion. Si elles sont nombreuses, la tige s’affaiblit, se tord et se dessèche. Au bout de quelques années, le pied d’asperge peut disparaître complètement. Si mes poules découvrent la présence de ces petites mouches et les picorent, je crois que je ne serai pas trop fâché.

Retrouvez d’autres diptères Tephritidae :

La mouche de l’onopordon

La mouche de l’armoise

Dioxyna bidentis

Dioxyna bidentis sur une tanaisie – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Je vous ai déjà présenté Terellia serratulae que j’avais observée sur des capitules de tanaisie. Ses plantes-hôtes sont des chardons. Plus près du fleuve, voici sur cette même plante une autre espèce de Tephritidae, grêle et toute petite, Dioxyna bidentis. Les larves de cette espèce vivent dans les capitules des Bidens, des Galinsoga et des oeillets d’Inde. Les adultes viennent se nourrir sur les tanaisies mais ce n’est pas leur plante-hôte.

Il existe en revanche une mouche Tephritidae inféodée aux tanaisies, Tephritis tanaceti, une espèce rare qui manque à ma collection. Un jour, je l’aurai ! Elle a été vue en Allemagne, peut-être est-elle en France ?

Sources :

Clé d’identification des Tephritidae par la Royal Entomological Society (2015)

Dioxyna bidentis, par Plant parasites of Europe

Terellia serratulae

Terellia serratulae – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Juchée sur une inflorescence de tanaisie, cette petite mouche grise me toise. Je suis subjugué par ses beaux yeux verts finement barrés de rouge. C’est probablement une Tephritidae du genre Terellia. Il me faut une vue dorsale pour aller à l’espèce.

Terellia serratulae – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Il s’agit de Terellia serratulae, dont les larves se développent dans les capitules de plusieurs espèces de chardons (Carduus et Cirsium). Cette espèce n’est pas commune en Ile-de-France, elle avait déjà été vue en Seine-et-Marne et une fois dans les Yvelines.

Retrouvez une autre Tephritidae des chardons :

Tephritis hyoscyami

Source :

Clé d’identification des Tephritidae par la Royal Entomological Society (2015)

Tephritis hyoscyami, mouche des chardons

Tephritis hyoscyami – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Pour compléter ma collection des Tephritis, voici l’espèce Tephritis hyoscyami, inféodée aux chardons du genre Carduus. Ici c’est une femelle, on voit son ovipositeur noir au bout de son abdomen.

L’espèce est très peu observée : deux citations seulement (dont celle-ci) dans la base de données naturalistes régionale Cettia Ile-de-France.

Retrouvez d’autres Tephritis du parc du peuple de l’herbe :

Tephritis divisa

Tephritis bardanae