Cette petite galle sur une inflorescence d’ortie dioïque est l’œuvre d’un moucheron, Dasineura urticae, de la famille des Cecidomyiidae. De nombreuses feuilles sur cette même plante présentent aussi ces galles renflées et velues. A l’intérieur de chacune de ces bourses creuses s’active un petit asticot blanc, larve de ce diptère. Trois générations se succèdent généralement dans l’année. Cette espèce inféodée aux orties est commune mais peu observée.
C’est le nom d’une enquête naturaliste sur les longicornes des milieux ouverts, lancée en 2023 par l’OPIE et l’ARB Ile-de-France. Elle porte sur quatre aiguilles, celles de la scabieuse, du genêt, de la bourdaine et de la vipérine. Ces petits Cerambycidae sont fins et allongés, d’où leur surnom d’aiguille.
Au parc du peuple de l’herbe, les trois premières plantes ne sont pas légion, en revanche sur certains secteurs, les vipérines forment des peuplements denses et étendus.
Le mois de juin étant le meilleur mois pour observer les aiguilles, me voilà parti en chasse ciblée, inspectant une à une les touffes de vipérines.
Chez cette espèce, l’antenne est ainsi placée qu’elle partage complètement l’œil en deux !
Après quelques photos, j’ai invité mon aiguille à venir prendre la pose sur sa plante hôte mais elle n’en a fait qu’à sa tête, elle s’est envolée et je l’ai perdue de vue.
Lors d’une sortie en forêt de Rosny-sur-Seine, je repère dans un secteur où dominent les charmes ce papillon vert posé sur une feuille de mercuriale. Ses ailes antérieures présentent de faibles ondulations croisées ce qui lui donne un aspect légèrement gaufré sous certains éclairages.
Totrix viridana est une espèce forestière, ses chenilles consomment les jeunes feuilles des chênes. Certaines années, ce papillon pullule lorsqu’il émerge en masse au mois de juin. C’est le cas cette année apparemment. Je l’ai trouvé aussi en forêt de Marly en secouant des branches basses de hêtre.
Les services du Conseil général des Yvelines m’avaient sollicité pour assurer une animation dans le parc du peuple de l’herbe en 2024. J’avais proposé début juin parce que c’est une période propice pour voir de nombreux insectes et sans trop de risque de canicule. Contrat rempli, le temps est clément et les bestioles sont au rendez-vous.
Je présente mon matériel d’entomologiste amateur et je fais une petite démonstration de battage d’arbuste. Cet églantier fera l’affaire. Premier coup de baguette, un phasme tombe dans mon bac !
Cela fait quatre ans que je scrute en vain tous les ronciers et les rosiers sauvages du parc dans l’espoir de trouver un phasme ! Voici enfin Clonopsis gallica, le phasme gaulois. Celui-ci est encore jeune, adulte il peut atteindre sept centimètres. C’est la seule des trois espèces de phasmes français à être présente en Ile-de-France.
Une touffe imposante d’onopordon nous permet d’observer une belle mouche inféodée à ce chardon : Tephritis postica. C’est un mâle que l’on voit sur cette photo car il n’a pas au derrière le long ovipositeur qui permet à la femelle de glisser ses œufs entre les bractées épineuses des boutons floraux.
Cette galle sur une feuille d’églantier est l’œuvre d’une toute petite guêpe Cynipidae du genre Diplolepis. Dans la cavité intérieure, nous observons l’occupant, une petite larve blanche.
Sur une terrasse herbeuse près de la Seine, les plus jeunes expérimentent le maniement du filet à papillons. Je récupère au fond du filet le produit de leur chasse et le transfère dans un tube pour que chacun puisse l’observer. Ce petit papillon de nuit décolle quand il est dérangé et il ne se pose jamais bien loin. Chrysoteuchia culmella est un Crambidae très commun, ses chenilles consomment des graminées.
Je sonne l’heure de la fin de la chasse aux papillons et nous retournons au parking car nous n’avons pas vu le temps passer et il se fait tard.
Retrouvez les portraits de quelques plantes et insectes observés lors de cette sortie :
Il pleuviote sur la prairie fleurie. Une drôle d’abeille rousse aux grands yeux gris est posée, immobile, sur une fleur de sauge des prés. Je m’approche, elle ne bronche pas.
Je pense reconnaître Hoplitis adunca, une Megachilidae qui ne récolte que le pollen des vipérines. Que ferait-elle sur une sauge ? Il est vrai qu’elle ne récolte rien sur cette fleur, elle a plutôt l’air de dormir.
Au vu de son abdomen armé d’une épine latérale sur l’avant-dernier article, ce serait un mâle. Je tacherai de trouver une femelle en action sur les vipérines voisines, un jour où la météo sera plus favorable.
A l’entrée de l’hiver, j’ai ramassé du bois mort de saule blanc et de peuplier et je l’ai placé dans une caisse transparente. Elle a trôné dans ma véranda jusqu’à ce que je décide au mois de mai de l’ouvrir et d’inspecter son contenu. Les mousses sur les branches ont beaucoup poussé. Quelques moucherons minuscules s’échappent. Au fond de la boîte, je repère un coléoptère Cerambycidae ! C’est ce que j’espérais.
Hop, dans le bocaloscope !
Il n’est pas bien gros (6mm). Ses antennes qui prennent naissance au milieu de ses yeux sont beaucoup plus longues que son corps. Les taches sur les élytres m’orientent vers le genre Leiopus.
Les articles des antennes sont majoritairement rouges et sur les côtés du pronotum, on remarque deux épines assez courtes et pas spécialement tournées vers l’arrière, c’est donc Leiopus femoratus, l’espèce la plus commune du genre.
Les larves de ce longicorne se nourrissent du bois mort d’un grand nombre d’arbres feuillus dont les saules et les peupliers.
J’inspecte un églantier près de la Maison des insectes dans l’espoir d’y dénicher quelques bestioles intéressantes. C’est une longue punaise bicolore de la famille des Miridae qui retient mon attention, je n’en ai jamais vu de semblable. La voici sur le bord de mon bac de battage.
Le look particulier de cet hétéroptère me permet de l’identifier sans trop de difficultés. Il s’agit de Closterotomus trivialis, une espèce méditerranéenne que l’on rencontre habituellement sur les oliviers, sa plante hôte ordinaire.
Elle est également bien implantée aux Pays-Bas, depuis 2004, et en Angleterre, depuis 2008, sans doute arrivée dans ces contrées avec des oliviers d’importation. Des observations en Angleterre ont montré que l’espèce est capable de se nourrir en l’absence d’olivier sur une autre plante de jardin, le millepertuis arbustif ‘Hidcote’, en l’occurence.
Cette punaise a été détectée pour la première fois en Ile-de-France en 2010. L’espèce semble en nette expansion ces dernières années.
L’OPIE propose régulièrement à ses membres franciliens de se retrouver pour de sympathiques explorations à la découverte des insectes. Cette fois-ci, c’est le parc du peuple de l’herbe qui est notre terrain de jeu. La session se passe en deux temps, l’après-midi et la soirée. Bien sûr, les mordus enchaînent.
Les filets tournent à plein régime dans la prairie et on m’apporte beaucoup de bêtes à déterminer, je ne chôme pas ! Voici un beau papillon de nuit des prairies sèches, Aspitates ochrearia, pas très commun celui-ci.
Une grosse lampe a été allumée par l’OPIE près de l’étang de la Galiotte pour une animation à la découverte des insectes nocturnes. Les naturalistes attendent patiemment l’arrivée des premiers papillons de nuit.
Soudain, un cri retentit : Maman, il y a un ver luisant ! L’annonce fait sensation dans le groupe. Nous éclairons le lumignon pour voir de quoi il retourne. Surprise, cela ne ressemble pas du tout à une classique femelle de lampyre, il s’agit d’une autre espèce, Lamprohiza mulsantii !
Les mâles ne tardent pas à arriver et se posent au sol près de la lampe. La visière transparente au-dessus des yeux correspond bien à cette espèce. Il paraît que ce casque leur permet de mieux distinguer la lueur émise par les femelles au sol, incapables de voler.
Dans le même secteur du parc, j’ai déjà rencontré une larve de cette espèce, je suis bien content d’y découvrir des adultes !
Un couple est accroupi au bord du chemin. Ces personnes ont trouvé une « drôle de coccinelle » sur une touffe de luzerne à fleurs jaunes.
Incroyable, une chrysomèle Totoro ! Ils acceptent de me confier l’animal le temps d’une photo. Un saule pousse à proximité, c’est sa plante hôte, je crois, elle a dû s’égarer. Je la place donc sur une de ses feuilles, pour une photo crédible.
Je constate de retour à la maison que je l’ai prise pour ce qu’elle n’est pas. Il s’agit d’une autre Gonioctena qui est inféodé aux luzernes ! Et je réalise mon autre erreur : Totoro ne mange pas de saule mais du peuplier tremble.
Gonioctena fornicata est très peu observée en France. Cette chrysomèle, originaire d’Europe centrale est arrivée dans notre pays en 2010. On en signale quelques foyers en Alsace, dans la région lyonnaise et la vallée de la Loire. Cette observation est une première pour l’Ile-de-France.