Cette feuille morte accrochée sur un mur est un papillon ! Cet étonnant mimétisme est le fait de Gastropacha quercifolia, la Feuille-Morte du chêne, un Lasiocampidae dont les chenilles vivent sur de très nombreuses espèces d’arbres.
La Feuille-Morte du peuplier est moins commune. Elle se distingue de l’autre espèce du genre par son ton plus clair et les ondulations du bord des ailes moins prononcées. On peut remarquer aussi la ligne sombre sur le dessus du thorax et les taches sur les ailes. Ses chenilles se nourrissent des feuilles des peupliers, saules et frênes.
Les chaudes nuits d’août sont propices à l’observation de Lasiocampa trifolii, le Bombyx du trèfle, qui vient facilement à la lumière. Ici, c’est un mâle, aux antennes pectinées. La femelle, aux antennes filiformes, est souvent moins contrastée.
La bande claire en travers de l’aile antérieure est plus fine et plus nettement délimitée vers l’arrière que chez Lasiocampa quercus, le Bombyx du chêne.
Les femelles de cette espèce pondent en vol au-dessus des prairies. Les chenilles consomment au printemps suivant des Fabaceae (trèfles, vesces, lotiers, mélilots, luzernes…) et aussi des graminées. On les reconnaît facilement à leurs longs poils orange et jaunes.
Quelle est cette chenille aux flancs bleus sur mon framboisier grimpant ? Avec cet agencement de couleurs, je ne vois qu’un Malacosoma. Mais il me faut une vue de face pour être sûr de l’espèce.
On dirait une tête de singe aux grands yeux noirs étonnés. En l’occurrence ce ne sont pas de vrais yeux mais des taches, peut-être pour effrayer des prédateurs. Et les grands poils sur les côtés de la tête ne sortent pas des oreilles !
Ces taches noires sur la tête distinguent facilement Malacosoma neustria de Malacosoma castrense qui en est dépourvu.
La chenille est vue en mai et juin et le papillon en juin et juillet. Ci-dessus, c’est un mâle, aux antennes pectinées qui est venu à mon piège lumineux.
La chenille de Malacosoma neustria se nourrit sur les arbres fruitiers, les aubépines, les prunelliers et de nombreux autres feuillus.
Sur ce coteau calcaire, des chenilles ont tissé une toile communautaire qui encapuchonne un rameau entier de prunellier. Ce pourrait être la laineuse du prunellier, Eriogaster catax, une espèce protégée au niveau national. Je regarde de près, mais non, ce sont des chenilles d’Eriogaster lanestris, la laineuse du cerisier, bien plus commune. Cette espèce se nourrit sur les aubépines, les prunelliers, les cerisiers de Sainte-Lucie, les pruniers, les merisiers…
Arrivées au cinquième et dernier stade larvaire, elles quittent leur nid soyeux et vont se nymphoser au sol dans un cocon. Le papillon vole au mois de mars et n’est pas observé très souvent.
Pourquoi la nomme-t-on laineuse ?
Les œufs sont pondus groupés sur une branchette de la plante nourricière et sont dissimulés et protégés dans un manchon gris d’aspect laineux, constitué de la bourre de l’abdomen de la femelle.
Une chenille tricolore et poilue grignote un rameau d’ajonc au bord du chemin. On voit sur la tige à droite sur la photo une galle sur la tige de cet arbuste, œuvre d’un minuscule coléoptère, Stenopterapion scutellare, très peu connu. Il pond un œuf dans la tige ce qui provoque ce renflement et sa larve se développe au cœur de la galle. Je n’ai pas voulu déranger.
Mais revenons à notre chenille. Ces motifs sont typiques d’une jeune chenille de Lasiocampa quercus, le Bombyx du chêne, de la famille des Lasiocampidae. Celle-ci se nourrit sur les chênes et sur de très nombreuses autres espèces d’arbres et d’arbustes.
Voici un mâle de cette espèce, reconnaissable à ses antennes pectinées et à ses ailes aux couleurs contrastées.
Plus discrète, la femelle est également très jolie. Ces papillons volent en juillet et août.
Au lever du jour, je scrute le mur devant lequel j’ai installé la veille au soir mon piège lumineux. Ce papillon est venu tard dans la nuit, car à minuit il n’était pas là.
Avec ses pattes antérieures étendues, il me rappelle la Pudibonde, alors je le cherche dans la famille des Erebidae. Aucune espèce ne lui ressemble, je dois me rendre à l’évidence, il est certainement d’une autre famille. Le groupe facebook Papillons nocturnes me vient aimablement en aide, il s’agit de Trichiura crataegi, un Lasiocampidae.
Le bombyx de l’aubépine vit sur de nombreuses espèces d’arbres, dont l’aubépine. J’en vois d’ailleurs un bel exemplaire chez un voisin !
En septembre et octobre, il n’est pas rare de croiser cette grosse chenille très poilue qui vagabonde sur les sentiers à la recherche d’un endroit où passer l’hiver. Car chez cette espèce, le bombyx de la ronce, c’est la chenille qui hiverne.
Je remarque deux petites choses claires accrochées dans ses poils soyeux. Des graines ? Je vérifie en zoomant avec l’appareil photo. La situation est plus étrange. Une larve vient de sortir de la chenille et tisse son cocon. Une autre, à droite, a déjà fini et on devine sa présence à travers le cocon. Il s’agit de larves de Braconidae, de petits hyménoptères parasites, peut-être du genre Cotesia comme dans ce reportage que j’ai vu dans le site insecte.org. Combien de ces larves vont ainsi sortir de cette chenille ? Beaucoup sans doute. Si j’avais eu un pilulier dans ma poche, j’aurais pu récolter ce cocon achevé et le placer dans une boîte d’élevage pour voir à quoi ressemble l’adulte.
Voici un couple de bombyx de la ronce (Macrothylacia rubi) observé au mois de mai.
Retrouvez un autre parasite de chenilles de papillons de nuit :
Pas de papillon ce matin à l’intérieur du piège lumineux, mais celui-ci est resté posé sur le rebord extérieur de la boîte. Ses ailes aux contours sinueux lui donnent une silhouette singulière qui évoque lorsqu’il est au repos une feuille morte de tremble. De fait, les chenilles de Phyllodesma tremulifolia consomment les feuilles de peupliers trembles mais aussi celles de bouleaux, de chênes, de frênes, de sorbiers et de divers arbres fruitiers. L’adulte vole d’avril à juin.
Je le place sur une feuille de lierre pour pouvoir le photographier au soleil. Ses antennes pectinées indiquent que c’est un mâle. Il se met à vrombir sur place et je me dépêche de déclencher, juste à temps avant l’envol !
Sur une plage de sable au bord de la Seine, mon regard tombe sur cette grosse chenille poilue. Elle n’a pas l’air en forme, et même la tête est détachée du corps. Un coup de bec peut-être… Je reconnais le bombyx de la ronce, de la famille des Lasiocampidae, déjà rencontré à Saint-Léger-en-Yvelines dans un bois de pins.
Quand elle est inquiète, cette chenille s’enroule et maintient la pose fermement, ce qui lui vaut le surnom d’anneau du diable. (Pour séduire les filles, on peut le passer au doigt !)
Impressionnante avec ses grands poils, elle n’est pas urticante, ou très peu, en tout cas j’ai toujours pu la manipuler sans dommage.
Cette autre individu traversait un chemin près de l’étang du Corra, au soleil de septembre.
Chez cette espèce, c’est la chenille qui hiverne. La nymphose a lieu en mars-avril, et le papillon vole de mai à juillet. La ponte s’effectue sur les ronces, les prunelliers, les églantiers, les luzernes, les trèfles et de nombreuses autres plantes basses.
Retrouvez une espèce qui parasite les chenilles de Lasiocampidae :