Phyllobius oblongus, une belle forme noire

Phyllobius oblongus – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

A la lueur de ma lampe frontale, j’inspecte un charme et bat quelques rameaux. A l’évidence, la saison de reproduction des Phyllobius oblongus est bien lancée, et la fraicheur de cette nuit d’avril ne réduit pas les ardeurs des nombreux couples qui se sont rassemblés dans son feuillage.

Ce individu célibataire qui gambade sous le rebord de mon bac a une allure singulière. Ses élytres, au lieu d’être bruns comme l’exige le standard de cette espèce, sont d’un beau noir profond. Il s’agit là d’une variation connue mais pas très commune. Je suis content d’avoir rencontré ce curieux charançon, à défaut de papillons de nuit, trop frileux pour se montrer ce soir.

Retrouvez un autre Phyllobius :

Phyllobius betulinus

Mecaspis alternans

Mecaspis alternans – Villesèque (46) © Gilles Carcassès

Un gros charançon de plus de 1cm se précipite sur moi et s’accroche à ma manche. Heureusement mon bac n’est jamais bien loin. Je le fais tomber dedans. Les taches noires sur son ventre vont m’aider à le déterminer. Je le retourne doucement pour la photo de profil dont j’ai besoin.

Mecaspis alternans – Villesèque (46) © Gilles Carcassès

Ses rayures au dessin particulier caractérisent l’espèce Mecaspis alternans. On peut le voir au sud de la Loire de mars à août. Les femelles pondent au collet des carottes et des panais et leurs grosses larves dévorent les racines de ces plantes puis se nymphosent dans le sol.

J’ai trouvé trace de sa présence en Ile-de-France en 1901, plus précisément dans les champs de carottes de la plaine de Carrières-sur-Seine où il faisait de gros ravages !

Retrouvez un autre gros charançon :

Le charançon couronné

Source :

La larve du Mecaspis alternans, nouvel ennemi de la carotte cultivée, par L. Chevalier

Peritelus sphaeroides, le Péritèle gris

Peritelus sphaeroides – Saint-Germain-en-Laye © Gilles Carcassès

J’ai trouvé une jolie cicadelle rare au parc du peuple de l’herbe dans un prunellier en fleur, voyons si je peux la trouver aussi en forêt de Saint-Germain-en-Laye. J’explore le secteur de l’ancien champ de tir où les prairies sèches sont bordées d’aubépines et de prunelliers. Elle n’y est pas, ou alors je n’ai pas la bonne technique de chasse. Mais ce petit charançon est un sympathique lot de consolation. C’est le péritèle gris, Peritelus sphaeroides, une espèce commune au printemps sur les arbustes. On le reconnaît aux deux bandes sombres obliques sur les élytres. C’est l’un des charançons ravageurs de la vigne dont il mange les bourgeons.

Retrouvez un autre Curculionidae :

Le charançon du chardon penché

Source :

Peritelus sphaeroides, fiche descriptive dans l’INPN (ISATIS – 2022)

Strophosoma melanogrammum

Strophosoma melanogrammum – L’Etang-la-Ville © Gilles Carcassès

En battant quelques branches basses de chêne garnies de feuilles sèches, je récupère ce petit charançon hirsute. J’essaie de le photographier sur une feuille morte, mais il a la bougeotte. Je le recueille alors au creux de ma main où il se tient un peu plus tranquille, me permettant quelques photos.

Strophosoma melanogrammum – L’Etang-la-Ville © Gilles Carcassès

La zone noire allongée sur la base de la suture des élytres n’est en fait pas pourvue d’écailles, ce qui laisse voir la couleur de fond. Ce dessin noir très visible est une caractéristique de l’espèce Strophosoma melanogrammum. Les adultes se nourrissent des feuilles de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes et les larves grignotent des racines.

Ce Curculionidae forestier européen a été introduit accidentellement en Amérique du Nord à la fin du XIXème siècle.

Retrouvez un autre Curculionidae forestier :

Polydrusus planifrons

Source :

Strophosoma melanogrammum, par Plant Parasites of Europe

Othiorynchus raucus, l’Othiorynque à crête

Othiorynchus raucus – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Ce charançon était caché dans des feuilles sèches restées accrochées aux branches d’un chêne. J’aime bien son gros museau qui pourrait bien être celui d’un Othiorynchus.

Othiorynchus raucus – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Le voici au creux de ma main pour la photo de profil. Il s’agit d’Othiorynchus raucus. La suture des élytres vers l’apex est surélevée, ce qui vaut à ce Curculionidae le nom vernaculaire d’othiorynque à crête. Cette espèce est présente en Europe du Nord et en Amérique du Nord. Elle est polyphage, se nourrissant d’espèces aussi différentes que le thuya et le laurier du Caucase. Les adultes sortent de leur loge nymphale souterraine en avril. Celui-ci était en avance.

Retrouvez un autre Curculionidae :

Archarius crux

Brachypera zoilus, le Charançon des feuilles du trèfle

Brachypera zoilus – Poissy © Gilles Carcassès

Ce gros charançon immobile semble guetter quelque chose depuis ce poteau de clôture du centre d’entrainement du PSG. Espère-t-il un autographe ?

Brachypera zoilus – Poissy © Gilles Carcassès

J’en profite pour le photographier de tout près. Il a de bien gros yeux ! Les applications de reconnaissance par l’image me proposent Brachypera zoilus, un Curculionidae de la sous-famille des Yperinae. Il s’agit bien de cette espèce que l’on peut observer partout en France et à peu près toute l’année. Depuis le milieu du XIXème siècle, elle est présente aussi en Amérique du Nord où elle est considérée comme une espèce invasive.

Les larves comme les adultes de Brachypera zoilus se nourrissent des feuilles de trèfles et de luzernes. L’hyménoptère Cerceris arenaria est l’un de leurs prédateurs.

Je décide de ne pas l’importuner plus longtemps et me retire discrètement. Je ne saurai pas la raison de sa présence immobile sur ce poteau.

Retrouvez un autre charançon :

Rhinocyllus conicus

Source :

Coléoptères curculionides (deuxième partie), par Adolphe Hoffmann

Parethelcus pollinarius

Parethelcus pollinarius – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy (78) © Gilles Carcassès

Je passe mon filet dans une touffe d’orties pour montrer à des amis Eupteryx urticae, une jolie cicadelle que l’on trouve sur cette plante. C’est un tout autre insecte que je capture, un petit charançon de 3mm ! Son thorax est anguleux et ses fémurs portent une grosse dent. Il s’agit de Parethelcus pollinarius, un coléoptère Curculionidae inféodé aux orties. Ses larves minent la base des tiges de sa plante hôte.

Retrouvez un autre insecte des orties :

Le grand puceron de l’ortie

Source :

Parethelcus pollinarius, par UK Beetles

Curculio pellitus

Curculio pellitus – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

En explorant un chêne du parking de la Maison des insectes je récupère ce joli balanin aux élytres pommelés. Voilà qu’il s’aventure sur ma manche de chemise ! Ce balanin ne ressemble pas à ceux que je connais, alors je sollicite l’avis d’experts. Au préalable, j’échafaude une proposition d’identification. La clé des Curculio du forum du Monde des insectes m’oriente vers Curculio pellitus :

  • Fémurs antérieurs fortement dentés
  • Rostre à fond roux
  • Ecusson allongé
  • Elytres mouchetés
  • Large dent triangulaire sur les fémurs postérieurs

Deux avis conformes me rassurent, j’ajoute donc cette espèce à l’inventaire des arthropodes du parc du peuple de l’herbe.

Curculio pellitus vit sur les chênes et semble assez rare en Ile-de-France. Sa larve se développe dans les glands.

Retrouvez d’autres Curculio :

Curculio elephas

Curculio glandium

Brachyderes incanus

Brachyderes incanus – Poigny-le-Forêt © Gilles Carcassès

C’est sur une branche basse de pin sylvestre dans une lande à bruyères que je trouve ce coléoptère de près de 10mm. Il n’a pas le museau allongé mais c’est tout de même un charançon. Ses larves vivent dans le sol et consomment les racines des pins. Elles peuvent faire des dégâts importants dans les plantations forestières sur les jeunes pins. Cet insecte a besoin de chaleur pour effectuer son cycle. Lorsque les arbres sont plus âgés, le sol est ombragé et les pullulations diminuent.

Retrouvez un autre Curculionidae :

Phyllobius oblongus

Source :

Ravageurs, lutte intégrée et sylviculture, de J. Pardé

Archarius crux

Archarius crux – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

J’obtiens ce tout petit charançon (3mm) en secouant une branche de saule blanc au bord de la Seine. A l’œil nu, il ne me semble pas uniformément noir. Cette photo prise à 1cm montre que ses élytres sont marqués d’une incroyable flèche blanche !

Archarius crux, au bout d’une feuille de saule – Triel-sur-Seine © Gilles Carcassès

Je lui propose une feuille de saule pour obtenir une vue de profil. Mais c’est bien la vue de dessus qui me permettra de mettre un nom sur ce drôle de paroissien. Il s’agit d’Archarius crux que l’on ne rencontre que sur les saules. Sa biologie est très particulière : la femelle pond dans les galles foliaires créées par la ponte de tenthrèdes du genre Euura. La larve du charançon consomme celle de la tenthrède et l’intérieur de la galle.

Galle sur saule blanc de Euura proxima – parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy © Gilles Carcassès

Voici une de ces galles susceptibles d’être parasitées par Archarius crux. Je l’ai ouverte pour montrer la larve de la tenthrède Euura proxima.

Retrouvez un autre très petit Curculionidae :

Le coupe-bouton

Source :

Archarius crux, par Plants Parasites of Europe